Un soir, alors qu’il est au volant de sa voiture, le docteur Mariman, en voulant éviter un chauffard, renverse une famille juchée sur un scooter. Il les dédommage pour les dégâts matériels et leur propose de les conduire à l’hôpital pour des examens, d’autant plus qu’Amir, leur garçon de huit ans a été légèrement blessé au cours de l’accident.

Le surlendemain, à l’institut médico-légal où il intervient, Mariman s’étonne de voir la famille accidentée venue veiller la dépouille d’Amir. Bien que le rapport d’autopsie ait attribué le décès à une intoxication alimentaire, Mariman a du mal à accepter cette version officielle qui pourtant l’innocente. Tourmenté par l’idée que la mort de l’enfant aurait pu être due à l’accident de la circulation qu’il a provoqué, il va demander un complément d’autopsie.

La raison et le courage sont souvent mis en opposition et on peut penser que ces deux notions peuvent difficilement cohabiter.

La «sagesse du jugement» dans la philosophie orientale, ne considère cependant pas le courage en conflit avec la raison.

Dans le film, le docteur Mariman considère la raison d’une façon différente. Au début, le peur domine chez lui et il rejette la vérité possible. Mais avec un temps de recul, il fait le choix du courage qui le conduirait à connaître la vérité et à l’affronter. Il arrive un moment où pour lui, le défi est d’arriver à concilier raison et courage.

L’idée qu’il pourrait être à l’origine de la mort de l’enfant l’obsède alors que les résultats de l’autopsie concluent à un empoisonnement. La thèse de l’empoisonnement se confirme avec la découverte de l’origine de l’empoisonnement de l’enfant :l’achat par le père, homme totalement désargenté, de poulets morts pour la consommation familiale.

Cinéma : Cas de conscience
Cinéma : Cas de conscience

Le récit à partir de là se dédouble. D’une part, il accompagne les doutes du médecin à propos de son innocence ou de sa culpabilité, ses démarches pour entamer un complément d’autopsie, et de l’autre le père d’Amir qui, dans un souci de vengeance, blesse gravement l’employé de l’abattoir qui lui a vendu des volailles impropres à la consommation.

Une sorte de complicité tacite s’établit dès lors entre les deux hommes engagés dans des démarches apparentées.

Les deux sujets porteurs du film de Vahid Jalilvand sont d’une part une faille dans l’intégrité du personnage du médecin et l’état de misère d’une famille qui conduit un père à se procurer à très bas prix de la nourriture abîmée au point de mettre en danger ses proches.

La misère morale et la misère économique se rejoignent dans ce film où Vahid Jalilvand montre un Iran scindé en deux, une société qui avance à deux vitesses.

«  Ce film est peut-être un hommage à l’homme que j’aurais voulu être » conclut le réalisateur.

Francis Dubois


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