Médecin du travail dans une entreprise aux techniques favorisant le rendement au détriment de l’individu, Carole Matthieu soucieuse du bien-être des employés, tente en vain d’alerter sa hiérarchie sur les conséquences de pratiques inhumaines.
Lorsque l’un des employés saisi d’une forte dépression la supplie de l’aider à en finir, Carole réalise que c’est peut-être le seul moyen de forcer les dirigeants de l’entreprise à reconsidérer leurs méthodes.
Louis-Julien Petit avait réalisé « Discount » un film engagé politiquement sur le thème d’un sujet actuel brûlant, le gaspillage alimentaire, et plus particulièrement la mise face à face de la destruction par les grandes surfaces de produits encore comestibles quoique frappés par une date de péremption prudente et une population de démunis économiques pour qui la quête de nourriture est un souci de chaque jour.
« Discount » était un récit concis qui posait avec efficacité le sujet.
Pour son second long-métrage, Louis-Julien Petit a adapté le roman de Marin Ledun « Les visages écrasés » qui traite des nouvelles techniques d’organisation du travail imposées par une recherche de rentabilité tendant toujours vers la performance et leurs répercussions dramatique sur l’être humain.
Les plate-formes de téléphone, ces mines des temps modernes, ont vu, ces quarante dernières années, se mettre en place des conditions de travail ravageuses avec pour mot d’ordre qualité et productivité maximale.
La minimisation des coûts et l’optimisation des résultats dressent un terrible bilan imposant à l’individu une mise sous tension permanente que ne vient naturellement pas contrebalancer le moindre respect de la personne.
Le sujet était d’autant plus passionnant que le fautif n’est qu’une nébuleuse puisqu’à tous les niveaux chacun des acteurs de la hiérarchie est victime bien plus que bourreau…
Le personnage pilier du film, Carole Mattieu, est celui d’un médecin du travail pris en étau entre les exigences auxquelles l’expose sa mission vis-à-vis de la hiérarchie et sa tendance à prendre en compte et à cœur la souffrance des employés soumis à des cadences infernales.
Le problème du film, sa distance avec le sujet, sont sans doute et paradoxalement, dus à la présence au générique d’Isabelle Adjani (très impliquée dans le projet). Non pas que la composition qu’elle propose soit en cause, mais sans doute parce que ce film comme il y a quelques années, « La journée de la jupe » doit ramener sur le devant de la scène une comédienne qui fut une icône de l’écran, et qui s’est depuis quelques années, éloignée du box-office.
Pour faire la part belle à la comédienne, « Carole Matthieu » a pris la voie du thriller qui est une fausse route ; expression excessive des émotions du personnage, l’utilisation d’une musique redondante.
Le traitement du récit aurait gagné à être plus sobre, plus retenu ainsi que l’interprétation d’une Isabelle Adjani qui fait montre de son savoir-faire irréprochable, réussit une composition certes, mais qui ne sert pas toujours le personnage de Carole Matthieu.
Francis Dubois
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