« Carmen et Lola » est l’histoire d’un amour entre deux jeunes femmes gitanes dans un milieu où règne le machisme et où l’homosexualité est un tabou.

En 2009, parut dans un journal espagnol un article relatant le premier mariage lesbien dans le pays où le mariage homosexuel était pourtant légal depuis 2005.

Par précautions, les deux jeunes mariées ne sont pas apparues à visage découvert.

Elles ont dû modifier leurs noms et ont été par la suite, obligées de se battre contre les préjugés et les tabous alors qu’à la suite du mariage,elles avaient été rejetées par leurs voisins, leur famille et par toute la communauté gitane

Dans un monde où être une femme est déjà difficile, la culture gitane sur laquelle pèse tout le poids du patriarcat et du sexisme, décuple les difficultés.

La révélation de son homosexualité exclut une femme du monde gitan et la prive définitivement de tout contact avec sa mère qui est censée avoir élever sa fille dans la seule perspective de devenir une épouse et une mère parfaites.

Pour ce qui est de trouver un emploi, la recherche devient doublement difficile.

D’une part parce que la postulante ne trouvera pas un emploi dans le cadre de la communauté et parce que, de façon générale la communauté « blanche » rechigne généralement à embaucher une femme gitane.

Cinéma : Carmen et Lola
Cinéma : Carmen et Lola

Étant réalisatrice et femme, Arantxa Echevarria s’est sentie une obligation de donner la parole à celles qui en sont privées.

Un mariage lesbien était un sujet qu’il importait d’aborder et un sujet urgent.

Le cinéma a toujours été pour la réalisatrice le porte-voix pour des causes auxquelles elle croit.

Avec « Carmen et Lola », elle raconte entre délicatesse et force deux très jeunes femmes qui ont décidé, poussées par l’amour, de se libérer du carcan auquel la culture très attachée aux traditions gitanes les condamnait.

Elle trace leur détermination et le combat qu’elle mènent non seulement pour se faire accepter telles qu’elles sont, avec leur sexualité propre mais également pour entraîner dans le sillage des interdits périphériques.

Atantxa Echevarria a trouvé la bonne distance pour éviter de tomber dans la démonstration d’un combat vertueux entre des personnes dignes d’empathie et un contexte social obtus et critiquable. IL fallait trouver la bonne distance pour échapper au didactisme qui menaçait et éviter de condamner les personnages respectueux des traditions. Il fallait présenter la culture gitane dans ses excès avec le plus possible de respect et pudeur.

Or, la camera d’ Atantxa Echevarria parvient à voir sans juger alors que les mêmes images mettent indéniablement dans la situation de prendre parti.

L’autre difficulté du projet était de trouver la bonne distribution sachant que dans un souci de crédibilité, le seule possibilité était de dénicher les deux comédiennes parmi des adolescentes issues de la communauté.

Il fallait, une fois trouvées, que les jeunes filles et leur famille osent se lancer à jouer des personnages qui pouvaient leur nuire par la suite.

Il a fallu un long casting de six mois pour trouver Zaïra, une gitane de 16 ans et autant pour dénicher Rosy qui se présenta comme le 897 ème candidate !

Un film courageux parmi les tentatives de faire bouger les choses dans une communauté fermée à toute exception à des règles ancestrales.

Francis Dubois


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