La Havane 1995. L’embargo américain plonge Cuba dans une crise économique sans précédent,

Candelaria et Victor Hugo, un couple de septuagénaires, tirent le diable par la queue et sont amenés à vivre de bric et de broc.

Femme de ménage dans un hôtel le jour, Candélaria se produit en chanteuse dans un établissement miteux le soir.

Un jour, au milieu du linge qu’elle manipule, elle trouve un sac contenant une camera qu’elle ramène à la maison.

Le maniement de l’instrument amuse Victor Hugo qui filme son épouse s’amusant à prendre face à l’objectif, des poses lascives, les épaules dénudées.

Mais voilà que Victor Hugo se fait voler l’appareil. Et quand il le retrouve, le receleur a eu le temps de prendre connaissance des films équivoques qu’elle contenait et dont il compte bien tirer profit en les revendant à des amateurs de porno gérontophile.

Il propose un marché au vieux couple. Contre d’autres films du même genre, il pourrait leur assurer une petite rente qui changerait leur vie.

Cinéma : Candelaria
Cinéma : Candelaria

Face à ses parents vieillissants, à la subite cessation d’activités au moment de la retraite, Jhonny Hendrix Hinestroza a décidé qu’un jour ou l’autre, il réaliserait un film sur le sujet.

Au cours d’un festival à La Havane, il a pris conscience de la crise des années quatre vingt dix à Cuba, dont chacun se souvient mais dont personne ne veut parler.

Cela l’a renvoyé à son enfance sur la côte pacifique colombienne et c’est à partir de là qu’il a décidé qu’il associerait dans un scénario son expérience personnelle en tant que colombien et le récit de l’histoire cubaine de l’époque.

Malgré la chute du mur de Berlin et ses retombées économiques, Cuba a continué à vivre comme avant sans s’adapter aux changements qui lui étaient imposés.

L’ouverture de l’île au tourisme a eu comme effet pervers de générer une poussée du tourisme sexuel et autour de ce commerce, les personnes âgées démunies n’ont plus eu comme ressource que de vivre sur les rentrées d’argent de leurs enfants, engendrant une pauvreté qui ne semblait pas éloignée de celle des vieux en Colombie.

La Candelaria et le Victor Hugo du film de Jhonny Hendrix Hinestroza représentent l’état du pays au cours de cette période particulière. Si le régime a maintenu certains avantages sociaux (dans le film, Victor Hugo à la possibilité de se faire soigner quand il tombe malade, par exemple) le couple évite de justesse de vivre dans la plus totale misère.

Jhonny Hendrix Hinestroza a fait de ses deux protagonistes des personnages vivants et positifs, heureux de vivre, malgré le contexte social difficile.

La musique est présente, la danse, la couleur, le goût du jeu et de la mise en scène du plus ordinaire du quotidien où Candelaria excelle.

Une leçon de vie. Une façon de tenir la dragée haute au vieillissement des corps, de tenir à distance la maladie et de donner toutes ses chances aux derniers épisodes de l’existence.

Les interprètes sont formidables.

Francis Dubois


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