Thomas et Francis, deux escrocs à la petite semaine, braquent Wilfrid, une homme fortuné propriétaire d’une station de Carwash. Contre toute attente, celui-ci se montre ravi de la situation, l’important pour lui étant de rompre avec la solitude qui le guette. Bientôt Hélène et Lucie, deux copines venues du sud les rejoignent et rentrent dans le jeu ambigu des relations qui se mettent en place.

Cinéma : Braquer Poitiers
Cinéma : Braquer Poitiers

Sur le tournage de son film précédent «  Rien sauf l’été  », Claude Schwitz rencontre Wilfrid. Il est à ce point intrigué par la personnalité du personnage qu’il l’invite à y jouer, dans deux scènes, son propre rôle, celui du propriétaire d’une station de lavage de voitures. Wilfrid est un individu complexe, souvent contradictoire, poète à sa façon, qui a une vision du monde plutôt atypique et dont le discours est imprévisible à la fois direct, intense et touchant.

Lorsque le réalisateur a arrêté l’idée que Wilfrid toujours en propriétaire d’une station de lavage de voitures, avec sa personnalité propre, serait le personnage central de son second film «  Braquer Poitiers  », la seule chose qu’il lui a dite à propos du film, c’est que des acteurs allaient venir chez lui et y séjourner quelques jours.

Sur le papier, l’arrivée des deux braqueurs et leurs amies, deux belges et deux cagoles du sud de la France est une idée caricaturale dont Claude Schwitz fait son affaire.

La présence de Wilfrid qui apparaît dans le film tel quel apporte beaucoup d’authenticité à un récit qui puise son charme dans une maladresse consentie où se ressent l’improvisation avec ce que cela comporte d’artifice et de vérité.

Le tournage a duré neuf jours dans l’ordre chronologique des événements et les péripéties non écrites sont le plus souvent survenues au jour le jour.

Les rushes du jour permettaient de trouver des idées pour les scènes qui seraient tournées le lendemain.

Or, de ce flottement de la narration, il ressort un film qui fait son suc de tout ce qui pourrait apparaître comme évasif, qui pourrait sonner faux ou n’être que prétexte à faire se confronter des personnages improbables tant ils sont ordinaires et qui deviennent cinématographiques comme par accident et au milieu desquels se détache celui de Wilfrid à la fois digne, pathétique presque aristocratique dans sa détermination à fuir la solitude.

Claude Schwitz ne force jamais ses personnages, pas plus les situations. Et il réalise un film qui nous laisse sonnés, dont on n’a pas mesuré, à la première vision, la force de tous les arguments souterrains.

Une œuvre originale dont les images persistent longtemps après la fin de la projection.

Un bon signe !

Francis Dubois


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