Fabien est un garçon un peu déjanté qui donne toujours l’impression de tomber des nues. Vedette éphémère d’une sitcom des années 90, il avait pour partenaire Corinne dont il était tombé amoureux.
Mais depuis Corinne a disparu et il n’a pas réussi à faire le deuil.
Les circonstances ont fait de Fabien quelqu’un que plus rien n’étonne pas même sa rencontre avec Yoni, un jeune garçon qui porte dans un sac la tête de son bel amant issu d’un rêve, troublant comme un souvenir, comme un reproche.
Pour Fabien, il est temps, désormais, de remonter le temps….
« Bêtes blondes » se déroule en trois parties et de manière non linéaire, selon des tableaux qui occasionnent des rebondissements toujours improbables….
A l’origine de l’idée du film il y a une citation d’Henri Michaux que les deux cinéastes ont jugée très cinématographique et qui fait allusion à quelqu’un qui est parti à la recherche d’un baiser et qui revient avec une tête dans ses bras.
C’est peut-être parce que Maxime Matray et Alexia Walther viennent des arts plastiques qu’ils ont organisé leur scénario par morceaux, par assemblage, donnant au récit une progression par à-coups par juxtapositions, par collages, confrontations successives d’images, de textes et de sensations.
Dans « Bêtes blondes » , il s’agit de suivre le personnage imprévisible de Fabien et de l’associer dans le récit, dans une volonté de rupture de ton, à celui de Yoni.
Les trajectoires de Fabien et de Yoni sont au départ très dissemblables mais sont toutes les deux infléchies fortement par le vide de l’absence, de manque narratif et s’il manque quelque chose à ces deux personnages, ils se rapprochent l’un de l’autre à l’instinct, de manière animale jusqu’à ce que le film choisisse de les amalgamer.
Ce sont au final, deux personnages dont on peut dire qu’ils se réfléchissent l’un dans l’autre.
Avec les histoires de Fabien et de Yoni, on assiste à deux événements qui se déroulent dans des chronologies distinctes mais qui progressivement glissent l’un sur l’autre et viennent se superposer finissant par faire de chaque personnage l’avatar de l’autre.
Le scénario est écrit de telle sorte que le spectateur n’est jamais en avance sur le personnage et ne sait jamais ce qu’il va se passer dans la séquence suivante. Les personnages et le spectateur sont ensemble sur une pente, entraînés par une force d’inertie.
Le personnage de Fabien reste complètement mystérieux dans un premier tiers du film. Il semble arriver de nulle part. On ne sait rien de lui, de son amnésie, rien de cette célébrité passée, de ce deuil dont il né guérit pas.
La difficulté d’accès au film réside dans la non linéarité du (des) récit(s), de la parenté narrative des deux histoires parfois difficiles à associer mais lorsqu’on se retrouve sur le rail de cette « comédie fantastique », on se retrouve comme par enchantement un spectateur heureux .
Une œuvre complexe qui incite à la curiosité et mérite lé détour quand on est un spectateur friand d’innovation
Francis Dubois
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