Dans le royaume de Letonia, le jeune prince Egon passe ses nuits à jouer de la batterie sous le regard protecteur de Gérard, son précepteur.

Le jour, au contraire, il n’a qu’une idée en tête : accéder, après avoir traversé une forêt foisonnante, au royaume de Kentz pour retrouver la Belle Dormant, la réveiller et par là-même, redonner vie à ses habitant restés figés depuis cent ans.

Mais son père, le roi de Letonia, très pragmatique, qui ne croit pas aux contes de fées, est totalement opposé à ce voyage dont il craint qu’il ne revienne jamais.

Maggie Jerkins, archéologue qui travaille pour l’UNESCO et qui ne fait qu’une avec la fée Gwendoline, va l’encourager à passer outre l’autorité de son père et lui donner la clé pour entreprendre le voyage.

Cinéma : Belle Dormant
Cinéma : Belle Dormant

C’était, pour le moins courageux en 2015 d’entreprendre un film qui soit un conte de fée, à contre-courant de la tendance du jour, obéissant à tous les codes du genre avec un prince du vingt et unième siècle, joueur de batterie le jour, amoureux transi, rêvant d’aller réveiller sa belle le jour, une archéologue de l’UNESCO dont le personnage se double de la fée Gwendoline et tout un château et ses habitants qui auront dormi pendant un siècle et que le baiser du prince à sa belle va rendre à la mobilité et à la vie…

Ado Arrietta jongle avec les siècles avec virtuosité et les comédiens passent avec une grande aisance des costumes et de la gestuelle du début du siècle dernier à ceux de notre vingt et unième siècle.

Il faut saluer le naturel avec lequel Niels Schneider et Agathe Bonitzer passent d’une époque à l’autre. Une Agathe Bonitzer qui, avec tour à tour grâce et autorité passe du costume de la fée Gwendoline à celui, tout en contraste, de l’archéologue Maggie Jerkins.

Ado Arrietta porte un regard de rêveur audacieux et tendre sur ses personnages et il tire les ficelles de son récit avec la grâce inspirée (même si elle n’est pas en-chantée) d’un Jacques Demy avec une pincée du cinéma de certains films d’Eric Rohmer ou du Cocteau de «  La belle et la bête « .

Et Ado Arrietta vient grossir les rangs de cette espèce rare de ces cinéastes qui, hors des modes, nous ont offert un cinéma libre et enchanteur.

Rien n’arrête le fil de cette rêverie que le cinéaste conduit avec une sorte de liberté, de pied de nez à toute logique narrative, en mettant à terre tous les obstacles et en saisissant au vol toutes les opportunités quand elles se présentent.

Parfois, le film manque de rigueur, de construction. La traversée de la forêt par Egon est sans doute un peu trop étirée mais en dépit de ces quelques faiblesses, on cède au charme de ce film réjouissant et rafraîchissant

Francis Dubois

Un dossier pédagogique spécialement conçu pour les élèves de collèges et lycées, incluant notamment un important entretien avec le réalisateur, est


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