Belinda a neuf ans. C’est une fillette vive, curieuse et qui n’a pas froid aux yeux. Elle vivait dans un foyer avec sa sœur. L’administration a décidé de les séparer.

Belinda a 15 ans. Elle a des idées arrêtées sur tout, un certain bon sens. Elle sait qu’elle ne choisira pas d’être vendeuse. Elle aurait plutôt envie de faire de la mécanique.

Belinda a 23 ans. Elle croit en la vie. Une vie qu’elle veut partager. jusqu’au bout avec Thierry dont elle dit-elle, follement amoureuse.

Elle a fait un peu de prison et lui est pour combien de temps encore derrière les barreaux. Il ne sait pas lire mais ce qu’il sait bien, c’est qu’à sa sortie il saura se débrouiller pour trouver du travail, un logement.

Que sera l’avenir de Belinda ?

Cinéma : Bélinda
Cinéma : Bélinda

En 2000, Marie Dumora venue dans l’Est tourner son court métrage « Tu n’es pas un ange » rencontre une jeune fille adoptée tardivement et qui a la nostalgie du foyer d’enfants où elle a grandi.

Intriguée, Marie Dumora s’est rendue dans ce foyer et elle y a rencontré Belinda 9ans, inséparable de sa sœur Sabrina 10 ans au moment où l’administration prend la décision de les séparer.

Elle décide de tourner avec les deux sœurs et il en résulte un court métrage «  Avec ou sans toi  » qui sera le premier d’une trilogie.

En 2007, elle tourne «Je voudrais aimer personne » où elle retrouvait Sabrina la grande sœur de Bélinda. A seize ans, Sabrina élevait Nicolas, son enfant dans un foyer pour jeunes mères. Elle tentait de garder le cap alors que tout vacillait dans sa vie.

Marie Dumora est restée proche de tous ceux qui tournaient dans ses films. Quand elle a revu Belinda, elle lui a fait penser à la « Wanda» de Barbara Loden, Elle a aussitôt eu envie de faire un film avec elle.

Son ami se trouvait en prison, elle ne savait plus vraiment par quel bout prendre la vie et cependant la cinéaste ne voulait pas réduire son histoire à son ancrage sociologique et il n’était pas question de susciter une pitié qui aurait tenu le personnage hors de nous.

Elle voulait au contraire filmer Belinda dans son espace de liberté et lui a proposé de construire le film autour de son histoire d’amour ; et que dans le récit, on la voit enfant et adolescente avant de la retrouver adulte.

Les séquences de l’enfance contribuent à annoncer l’histoire de Belinda, à faciliter son identification.

Celles de l’adolescence annoncent son prochain parcours tortueux mais une personnalité suffisamment marquée et une détermination qui lui permettra, telle la salamandre, de ne pas se brûler aux flammes du parcours

Le destin de Belinda est un destin parallèle au nôtre et là où le commun des mortel trouverait motif à se décourager, la jeune femme puise une énergie et des raisons d’espérer. La prison est une fatalité mais ni l’absence de diplôme chez Belinda, ou l’illettrisme chez Thierry, ne paraissent être des obstacles à leur futur bonheur.

«Belinda» est un film magnifique avec un personnage qui sort triomphant de toutes ces épreuves de la vie, qui sont pour elle des obstacles invisibles dont elle fait son affaire, en tous cas insuffisants pour faire obstacle à ses projets.

Les séquences qui ferment le film sont bouleversantes. En se baignant dans la rivière, Belinda ne se lave-t-elle pas de tous les doutes qui l’envahissent parfois et face auxquels il n’est surtout pas question de courber l’échine.

Francis Dubois


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