Martin doit faire le voyage jusqu’au littoral où il va rencontrer pour la première fois la famille de son père.
Pour effectuer ce déplacement obligé, il propose à son meilleur ami de l’accompagner.
Tomaz accepte, séduit par l’idée de voir se raviver leur vieille amitié.
Lorsqu’ils se retrouvent seuls dans une grande maison isolée, face à la mer, ils ont tout loisir de passer leurs journées ensemble.
Au cours d’une fête, ils seront l’un et l’autre tentés par une brève aventure avec une fille mais leur préférence profonde se situe ailleurs, même si l’un et l’autre n’en sont pas au même point dans leur penchant homosexuel.
Au cours d’une conversation intime, Tomaz va confirmer à son ami qu’il aime les garçons, une confidence qui va troubler Martin et projeter les deux garçons dans les bras l’un de l’autre pour une nuit d’amour comme ils n’en ont sans doute jamais vécue.
Le prétexte de « Beira-Mar » est simple et le récit de ces trois jours de villégiature n’est soutenu par aucun événement saillant. Il se contente de suivre les deux garçons dans leurs dernières hésitations amoureuses et sexuelles.
Le film rend compte de ce tâtonnement qui précède les vrais choix.
Martin et Tomaz en sont tous les deux au même point d’une sexualité hésitante, mais conscients que l’échéance du passage à l’âge adulte est proche.
Leur insouciance se trouve troublée par une émotion qui les saisit, va se préciser et peut-être décider pour eux.
C’est à partir de leurs souvenirs de l’année de leurs dix-huit ans que Marcio Reolon et Felipe Marzembacher ont construit leurs personnages.
Il s’agissait pour eux dans le scénario, de confronter leurs deux visions du même âge.
Le décor de l’histoire allait s’imposer puisque les deux réalisateurs avaient grandi à proximité de la même plage, celle-là même qui apparaît dans le film.
« Beira-Mar » est un film tout en délicatesse. Il accompagne ses deux personnages au plus près l’un de l’autre dans un quotidien occasionnel, dans un désœuvrement qui finira par les pousser dans leurs retranchements.
On pourra trouver le prétexte du film mince mais ce serait ne pas prendre en compte ce dont le film rend compte : le tumulte intérieur chez deux garçons au bord de leur vie d’hommes.
Chaque geste, chaque regard, chaque élan tient lieu de rebondissement, trahit avec élégance une complicité qui les propulsera dans leur choix.
Francis Dubois
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