culture/cinéma

Une cité pavillonnaire aux abords d’une ville de la côte atlantique française.

George est une jolie jeune fille de seize au charme androgyne. Elle rencontre Alex, à peine plus âgé, et tombe amoureuse.
Pour attirer l’attention du garçon un peu distant, elle lance presque par hasard un jeu collectif où, dans sa bande d’amis, chacun va découvrir, tester et bientôt déborder les limites de sa sexualité.

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Les réunions vont se multiplier dans la maison qu’Alex occupe seul pendant que sa mère est en mission à l’étranger. Bientôt plus aucun obstacle de moralité ou de pudeur ne viendra freiner les actes sexuels, les échanges de partenaires.

L’idée du film a été inspirée à Eva Husson par un fait divers survenu en 1999 aux Etats-Unis. La dérive d’une folie collective l’a interrogée sur les raisons pour lesquelles ces très jeunes gens appartenant à la classe moyenne, et sans prédisposition particulière pour ce genre d’expérience, avaient pu aller aussi loin.

Ce genre de pratiques sexuelles n’était pas représentatif de l’époque et la réalisatrice a volontairement situé son récit dans une temporalité et une géographie fictionnelles.

Elle le situe en France, sur la côte atlantique sans plus de précision et, peut-être dans le but de mieux brouiller les pistes, l’actualité parle de canicule et de catastrophes ferroviaires qui sont un condensé d’événements survenus ces derniers étés (les extraits qu’on entend à la radio sont authentiques).

George, Laetitia, Alex, Nicky et Gabriel ont en commun d’appartenir à la même classe sociale, d’être, pour la majorité d’entre eux, des enfants de parents divorcés et, en dépit des apparences, de souffrir de la solitude de groupe.

Au-delà de leur isolement intime et avant que ne se déclenche le processus de Bang-Gang, les personnages affichent entre eux une grande liberté verbale et de comportement. Ils apparaissent très libres avec leur sexualité. Le sexe est non seulement présent dans leurs conversations mais le langage qu’ils utilisent pour en parler est direct, cru.

On pourrait penser à certains moments que le récit se situe à l’époque actuelle mais l’absence de tics de langage en cours, empêche une telle identification temporelle. Les réseaux sociaux qui interviennent dans le récit et leur utilisation ne sont qu’une demi- explication…

Le flou narratif et le souci d’intemporalité auxquels Eva Husson a l’air de tenir apporte-t-il beaucoup au film ?
Les scènes de débauche (libération) sexuelle son filmées avec beaucoup de délicatesse et ces moments ne sont jamais vraiment dérangeants, les personnages gardant, dans les circonstances, une sorte de candeur. Les élans sexuels sont spontanés, répondent à un désir, sont imprégnés d’un part ludique qui correspond à leur extrême jeunesse.
Il faut arriver au dénouement pour que le jeu cesse et que chacun devienne plus grave, gagne en maturité. L’adulte prochain est à l’affût et la ligne morale se dessine pour que chacun regagne l’histoire à laquelle il est destiné.

C’est au personnage de Laetitia que revient le mot de la fin, une phrase qu’elle prononce avec une certaine amertume: « Une piqûre et la syphilis disparaît, un cachet et l’enfant s’en va. Un vrai conte de fée ! » Ce film est-il une parenthèse marginale ou le reflet possible d’une jeunesse actuelle ?
Francis Dubois

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