Dans la bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou à Paris, des hommes et des femmes venus des quatre coins du monde se rencontrent une fois par semaine dans le cadre d’un atelier dit de conversation qui leur permet, en échangeant sur un sujet proposé, ou plus librement, de s’exprimer en français. Il s’agit bien d’un moment de conversation et non pas d’un cours de langue qui aurait pour but, pour les participants, d’améliorer la pratique de leur français.

Réfugiés politiques et d’autres qui ont fuit les conflits armés dans leur pays, hommes d’affaires déclassés, étudiants, certains portant des projets ambitieux, d’autres dont les perspectives sont plus modestes, tous se côtoient ici et ont le même objectif, pratiquer la langue française et élargir le champ de leurs contacts.

Ici, les frontières sociales et culturelles s’effacent entre des individus qui ne se seraient, hors de cet atelier, jamais rencontrés.

Cinéma : Atelier de conversation
Cinéma : Atelier de conversation

La langue, pour ceux qui arrivent directement de leur pays d’origine, représente le plus gros obstacle non seulement à leur intégration mais également pour le bon déroulement du plus minuscule quotidien. La bibliothèque du Centre Pompidou qui se répartit sur trois étages, qui est accessible gratuitement et sans formalités devient un lieu d’échange réconfortant dès lors que tous les réfugiés qui le fréquentent sont logés à la même enseigne, disposent à quelque chose près du même niveau d’expression de la langue et se trouvent confrontés à des difficultés très voisines.

Dans ce lieu, 4000 personnes du monde entier viennent lire, apprendre, échanger, écouter de la musique, regarder la télévision, naviguer sur le net ou tout simplement trouver un lieu apaisé pour se reposer ou même dormir un moment…

Ceux qui fréquentent l’Atelier de conversation se retrouvent tous les vendredis à 18h. Le thème du jour est annoncé et chacun va intervenir sur, par exemple, les lieux communs depuis la définition du terme jusqu’à l’application du sujet au pays et à la culture de chacun.

On apprend qu’en Turquie, ce sont les Kurdes dont on dit qu’ils sont forts comme…et que c’est le fruit d’une pure légende, l’affirmation qu’en Chine on mange du chien.

Chacun y va de son anecdote avec le souci de s’exprimer clairement en s’efforçant de respecter les règles des accords et de la conjugaison et les plus hardis se lancent dans la pratique de l’humour.

Il est possible, pour une raison mystérieuse, sans doute liée à la difficulté de s’exprimer, que l’un d’eux sorte des gonds de la réserve et de la bonne tenue et, en s’exprimant vivement, apporte à sa façon une note personnelle d’authenticité dans l’échange.

Le film fait défiler une galerie de portraits contrastés, d’individus de toutes origines qui, dans le moment, ont en commun le plaisir d’être là, ensemble, et d’échanger.

Le plaisir de se livrer aux autres, d’être compris et entendus se lit sur les visages…

Un film chaleureux avec en immédiat arrière-plan, lisibles malgré le plaisir de l’échange, les signes de la solitude et de la peur du lendemain.

Francis Dubois


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