Cinéma : Anna, un jour

Anna a la quarantaine, trois enfants, un mari, un emploi qui lui procure des satisfactions et quelques soucis financiers. Mais sa vie est une course permanente entre ses occupations professionnelles, les exigences ménagères et les enfants qui exigent de sa part une présence et une attention particulières pour chacun.

Submergée par le rythme effréné de ses journées, elle doit faire face à une période fragile de la vie où l’on sent la nécessité d’un changement sans trouver de solution pour y parvenir.

De plus, le couple qu’elle forme depuis dix années avec Szabolcs semble traverser un épisode préoccupant dont elle ne mesure qu’à peine le gravité faute de temps.

Anna saura-t-elle sauver ce qui est précieux et unique dans sa vie ?

Cinéma : Anna, un jour
Cinéma : Anna, un jour

Comme le titre l’indique, le film de Zsofia Szamosi accompagne le personnage d’Anna au cours d’une journée qui ressemble à toutes les autres journées de sa vie mais où semblent se jouer cette fois ses avenirs professionnels, de mère de famille et d’épouse dans la tourmente.

Et s’il y a dans sa vie quelqu’un à sacrifier, c’est Anna elle même, qui pense sans doute que plus tard, quand elle vivra à un rythme plus apaisé, elle pourra consacrer du temps à sa personne.

Mais pour l’instant, les priorités sont ailleurs, dans le va-et-vient quotidien de l’une à l’autre de ses activités qui se trouve être doublé de sentiments de frustration et de celui, douloureux, de ne pas accomplir les tâches jusqu’au bout.

Le journée d’Anna commence avec la visite amicale de celle qui fut la maîtresse de Szabolcs venue lui annoncer qu’elle n’en est plus amoureuse et qu’elle n’est dorénavant plus une rivale. Mais le couple illégitime doit se revoir en fin de journée pour une rencontre censée marquer la fin de leur liaison. Une rencontre qui va préoccuper Anna tout au long des heures.

Avec le personnage d’Anna, Zsofia Szamosi sait ce dont elle parle et la description qu’elle en fait est d’une justesse confondante, d’une précision au scalpel. Sa caméra ne quitte pour ainsi dire Anna et si elle capte magnifiquement et avec une grande fluidité la jeune femme dans son mouvement incessant, elle sait (contrairement au personnage) prendre le temps avec des gros plans, de saisir sur le visage la préoccupation, l’incertitude, le doute et la fragilité de cet autre jour que sera demain.

A s’attacher d’aussi près à son personnage central, la réalisatrice aurait très bien pu sacrifier les autres protagonistes du récit. Au contraire, elle s’attache à donner à chacun un vrai contour. Simon, son fils aîné, passionné de sciences est un enfant rêveur, à la fois mature et insouciant, attachant et distant. Sa sœur est une enfant hyper active à forte personnalité et le benjamin, encore bébé, pose déjà un regard sans bienveillance sur le monde des adultes. Et ce que la réalisatrice réussit parfaitement à rendre, c’est l’insouciance cruelle de l’enfance, cette part d’égoïsme naturel qui ici, renforce la solitude d’Anna.

«  Un jour Anna  » est un portrait au millimètre d’une femme, qui dans le vertige de son existence, se réalise pour l’essentiel et pénètre sans faire de bruit dans le périmètre d’un drame intime qui va peut-être malgré tout, lui ouvrir l’espoir d’un nouvel horizon….

Francis Dubois

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