Au nord de la Chine, dans une ville post-industrielle où un épais brouillard semble avoir piégé ses habitants, une simple altercation entre deux lycéens dégénère et entraîne dans sa suite le destin de quatre individus brisés par l’égoïsme familial et la violence sociale.

Quatre habitants devenus des marginaux qui ont en commun, un projet : celui de se rendre dans la ville de Manzhouli où on raconte qu’un éléphant du zoo passe son temps assis et immobile.

Cinéma : An elephant sitting still
Cinéma : An elephant sitting still

Le film de Hu Bo restera le seul à figurer sur sa filmographie puisque la post-production de «  An elephant…) terminée, celui-ci a mis fin à ses jours.

La projection de ce film testament dure près de quatre heures mais que le public potentiel se rassure, pas une seule image, pas un seul plan, pas un seul silence n’est de trop pour insuffler à ce « thriller intime » vibrant, sa puissance narrative.

Avec ce film, Hu Bo applique sa théorie selon laquelle les choses les plus précieuses qui nous sont données de vivre sont dans les interstices du monde.

Hu Bo se défend d’avoir réalisé avec«  An elephant sitting still  » un film sur la jeunesse chinoise. Le terme de « jeunesse » étant à ce point vaste et vague qu’un film sur le sujet masquerait une part de la réalité et peut-être, la plus sombre.

Le film traite tout au plus de la condition d’une majorité de jeunes étudiants en Chine.

Car, contrairement aux adultes qui sont catégorisés selon leur position sociale, les années d’adolescence sont, quant à elles, déclinées sous le terme collectif et général de « jeunesse ».

Pourtant la masse des jeunes adultes chinois à qui il est souvent reproché son dilettantisme et de ne pas se soucier de son avenir, ne connaît pas réellement de jeunesse et les jeunes doivent affronter très tôt et pendant longtemps, des choses très complexes pour leur âge.

Le film de Hu Bo est une succession de séquences parfois brèves, parfois longues dans lesquelles on reprend là où on les avait laissés les personnages récurrents de ce film qui n’est pourtant pas une œuvre chorale.

A l’image de son réalisateur, «  An elephant sitting still » est un film totalement à part dans le paysage cinématographique de cette fin d’année, une sorte de météore chargé d’amour et de souffrance qui serait apparu et aurait aussitôt disparu.

Le film exprime avec une grande justesse, une photographie en noir et blanc magnifique et des cadrages au scalpel, l’inquiétude qui occupe le peuple chinois à l’heure où le pays entre dans la phase d’un nouveau système centralisé et où se multiplient, avec l’individualisme, les petites trahisons et les inimitiés entre les personnes.

Un film magnifique, sans doute un chef-d’œuvre qu’il s’agira de saisir au vol car sa sortie n’envahira pas un nombre important de salles

Francis Dubois


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