Marcia, l’une des petites filles de Salvador Allende a souhaité, avec la réalisation de son documentaire «  Allende mon grand-père  » faire un retour sur le passé tragique de sa famille.

Trente-cinq ans après le coup d’État qui a renversé son aïeul, premier Président socialiste élu démocratiquement, elle a cru nécessaire de retrouver à partir de souvenirs familiaux, de photographies et de témoignages, ce que fut, hors de la vie politique, l’existence quotidienne qui leur a été arrachée.

De nombreux personnages interviennent au cours du film mais chacun, à commencer par Tencha, la veuve du Président Allende, semblent dans un premier temps réticents à se livrer.

Les souvenirs sont anciens, toujours douloureux et c’est peut-être parce que le choix des moments révélés appartiennent à l’intime, aux relations entre proches, qu’une tendance à la discrétion, à la pudeur plane sur les révélations.

Le Président Allende apparaît comme un être abordable et aimant même si on apprend de la bouche de sa veuve, qu’il « aimait le flirt » et qu’elle lui a connu l’existence plusieurs maîtresses.

Cinéma : Allende, mon grand père
Cinéma : Allende, mon grand père

Si beaucoup des documentaires qui ont été faits sur Allende reposent sur le 11 septembre 1973 et ses conséquences, basés sur une analyse socio-politique, Marcia Tambutti Allende a voulu révéler un aspect personnel du personnage de son grand-père.

Le film le montre quand il était en famille; avec des amis, en vacances avec ses petits- enfants et décrypte, à partir de cet aspect de lui, l’empreinte qu’il a laissée dans sa famille.

« Allende mon grand-père  » traite du dilemme de la mémoire et du silence douloureux persistant au sein des familles

Un sujet qui pourrait toucher toutes les familles partout dans le monde.

Ce qui frappe dans le film, c’est qu’effectivement, cette famille fonctionne comme peut fonctionner n’importe quelle autre car la ligne idéologique d’Allende en faisait un homme ordinaire qui pouvait comme tout un chacun, être confronté à des difficultés ordinaires, voire financières.

Les photographies qu’on feuillette et qui ponctuent le film ressemblent à celles qu’on peut trouver dans n’importe quel album de famille avec les mêmes postures, les mêmes décors en toile de fond, ce côté désuet des clichés pris pour une occasion particulière ou à l’improviste.

L’intention générale du film est de se détacher des archives publiques afin d’adopter un point de vue qui met l’accent sur le personnel, l’anecdotique, l’infime, de découvrir des objets familiers ordinaires et d’observer tous les recoins de la maison familiale.

Le documentaire de sa petite fille, et c’est par là qu’il est réussi, aide à réconcilier l’homme public et le père de famille.

Marcia Tambutti Allende n’est pas cinéaste de formation. Elle est biologiste et le travail sur le film s’est étalé sur huit ans. Une période pendant laquelle plusieurs des protagonistes apparaissant dans le film sont décédés.

«  Allende mon grand-père  » s’achève sur un document savoureux : le filmage d’une mise en scène familiale burlesque dont un des personnages est interprété par Allende lui-même….

Un documentaire singulier, sensible et touchant.

Francis Dubois


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