En pleine crise d’adolescence, Alice s’oppose à tout ce qui représente l’autorité et l’empêche de près ou de loin, de profiter de la vie comme elle l’entend. Bogdana, sa mère adoptive, est la première à faire les frais de ses mouvements de rébellion, suivie de son beau père, des membres de l’administration du lycée qu’elle ne fréquente plus que par intermittence.

A la suite d’une dispute qui les oppose, Bogdana découvre qu’Alice est enceinte et que celle-ci a pris la décision de garder le bébé. Cet aveu touche d’autant plus Bogdana qu’elle a longtemps tenté sans succès d’avoir un enfant et ce qui apparaît dans un premier temps comme une épreuve va, petit à petit, resserrer leurs liens.

Cinéma : Alice T
Cinéma : Alice T

C’est dans ses préoccupations de père de jeunes enfants futurs adolescents que Radu Muntean, qui n’avait jusque là jamais mis de jeunes gens dans ses films, a puisé les éléments du scénario de « Alice T » ; En faisant d’une adolescente de seize ans le sujet de son film, le réalisateur a surtout réalisé un portrait à la fois plus général et plus affûté de cet âge intermédiaire réputé difficile qu’est l’adolescence.

Sur un personnage qui réunit le plus possible des caractéristiques de cet âge, sur une personne munie d’une belle grâce physique et d’un caractère bien trempé, il a greffé quelques éléments narratifs clichés qui auraient pu mettre en péril le sujet même du film comme l’adoption, la présence à proximité forcément ambiguë de l’ami de la mère et surtout une grossesse prématurée que la jeune protagoniste souhaite voir aboutir (sans doute dans un souci de provocation).

Et c’est peut-être à l’usage délicat qu’il fait de ces clichés, associé au jeu naturel spontané de son interprète qu’il faut attribuer la réussite d’Alice T…

L’écriture fine et précise du personnage d’Alice dont la peinture jusque dans le plus infime détail, tant sur le plan gestuel que dans l’expressivité dramatique jouant souvent sur des contrastes directement liés aux humeurs fluctuantes qui caractérisent l’age, sert l’option de départ selon laquelle « Alice T.. . » serait plus le portrait de l’adolescence que le portrait d’une adolescente.

Le choix d’Andra Guti pour interpréter Alice est des plus heureux car la jeune comédienne dont c’est le premier rôle au cinéma apparaît d’une scène à l’autre alternativement comme la petite fille qu’elle est encore et cette adulte déterminée qu’elle est sur le point de devenir.

Sa présence flamboyante, son refus de s’assouplir comme ses tendances à tester son pouvoir de séduction, ses blessures enfouies, ses provocations de rebelle, servent un magnifique opus qui n’est surtout pas un film de plus sur l’adolescence.

Francis Dubois


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