Neige rend régulièrement visite à son grand-père algérien dans la maison de retraite où il séjourne dorénavant. Elle voue un amour immense à ce pilier de la famille qui l’a en partie élevée et qui l’a protégée de la toxicité de ses parents. Les rapports entre les membres de sa famille mixte sont parfois compliqués. Les rancœurs sont nombreuses mais Neige peut compter sur la présence réconfortante de son ex, François, un garçon plein d’humour qui pratique la dérision positive.

La mort du grand-père a l’effet d’un véritable cataclysme sur la famille. Elle provoque chez Neige une crise identitaire profonde. Dès lors, elle va vouloir connaître et comprendre son ADN.

Le projet de réaliser un film sur Madame du Barry tardant à se concrétiser, le producteur des films de Maïwenn lui demande de réfléchir à un sujet moins onéreux qu’il serait possible de monter rapidement. Mathieu Demy, un ami de la cinéaste de Polisse et de Mon roi vient de perdre sa mère Agnès Varda. Maïwenn lui propose d’écrire avec elle ce film sur le deuil. Avec ce nouveau sujet, Maïwenn a voulu retrouver la liberté de son premier film. ADN est un film de montage. Le choix d’un tournage dans l’ordre chronologique, les différentes prises de chaque scène mélangées, le fait que le déroulement d’une prise ne soit jamais interrompu imposait que ADN soit réécrit au montage.  La réussite du résultat final revient bien sûr à la virtuosité de la mise en scène et à une direction d’acteurs sur mesure mais aussi au talent de Laure Gardette, la monteuse, vieille complice de Maïwenn. Le personnage du grand- père est directement inspiré de l’aïeul de la réalisatrice, le personnage interprété par Maïwenn est ressemblant et dans son ensemble le film survole sa propre histoire et celle de sa famille. Pour autant, Maïwenn refuse que l’on parle de récit autographique trop réducteur alors que ADN est ample et généreux.

Comme son personnage, Maïwenn est obsédée par les questions identitaires, ses origines, ce que représente l’Algérie pour elle. Le film pose une multitude de questions : ce que les parents transmettent, ce que les grands parents ont transmis, comment l’histoire des ascendants  rejaillit sur la nôtre, ce que signifie d’être originaire de tel ou tel pays…

Maïwen mêle tous ses sujets avec délicatesse, une grande sensibilité mais de façon frontale. Une distribution magnifique complète le plaisir. Fanny Ardant a mis de côté sa diction hautaine. Maïwenn est touchante. Dylan Robert révélation de Sherazade confirme la grande spontanéité et la sincérité de son jeu. Marina Vacth découverte par François Ozon est magnifique et Louis Garel est irrésistible. Alain Françon pour sa première apparition au cinéma est surprenant de malice

Une œuvre sensible, minutieuse et puissante

Francis Dubois

« ADN » – un film de Maïwenn (France) – Sortie en salles le 15 décembre 2020


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