Dolorès, jeune étudiante argentine est présumée coupable du meurtre de sa meilleure amie dont elle se serait vengée après que celle-ci aurait divulgué une vidéo compromettante à son sujet.

Dolorès attend depuis deux ans que débute son procès dans une certaine sérénité, solidement entourée d’une famille aimante et proche et qui s’est engagée financièrement pour faire appel à l’un des meilleurs avocats de la ville.

Mais voilà qu’à quelques jours de l’ouverture du procès, Dolorès se retrouve soudain propulsée au centre d’un déchaînement médiatique imprévu.

Des secrets sont révélés, la solidarité familiale se fissure et la stratégie de défense soigneusement établie par l’entourage de Dolorès vacille….

Certains faits divers et affaires criminelles ont toujours occupé les médias et passionné le grand public.

« Acusada » est une sorte d’autopsie du phénomène.

Cinéma : Acusada
Cinéma : Acusada

Le film de Gonealo Tobal suit de la façon la plus proche possible le personnage de Dolorès souvent silencieux, énigmatique, dont on ne sait jamais très bien si elle est inconsciente de la peine qu’elle pourrait encourir si le tribunal la déclarait coupable du meurtre de son amie ou s’il y a chez elle, une sorte de fatalisme qui la rend imperméable aux menaces.

Dolorès est-elle coupable ou innocente ? Si bien sûr, elle clame son innocence, les révélations de l’enquête font peser sur elle de graves soupçons et le récit fluctue entre des éléments qui iraient tour à tour dans un sens ou dans l’autre.

Et tout le film réside dans cette ambiguïté, dans le mystère que Dolorès entretient autour de son personnage, dans la persistance d’un doute qui agit comme s’il occupait également Dolorès et qui se tiendrait dans un no man’s land entre l’innocence et la culpabilité.

Cette ambiguïté, Gonzalo Robal l’entretient jusqu’au dénouement car si le jugement conclut à l’innocence de Dolorès, les images qui ont précédé le verdict font naître le trouble sur un autre personnage.

Si « Acusada  » repose essentiellement sur le personnage de Dolorès, il traite en toile de fond du phénomène très contemporain de la divulgation sur les réseaux sociaux des vidéos qui ont pu être réalisées à l’insu des intéressés et qui peuvent avoir des conséquences périphériques dramatiques comme l’assassinat de l’amie de la jeune fille, qu’il ait été commis par elle ou par une autre personne impliquée.

L’habile construction du récit, l’effet de suspense qui agit de façon directe ou souterraine, la personnalité opaque de Dolorès, sont autant d’éléments narratifs qui font d’ «  Acusada » un film passionnant.

Francis Dubois


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