Depuis 2013, chaque année, à l’Université de St Denis, a lieu le concours « Eloquentia » à l’issue duquel est élu le « meilleur orateur » du 93.
Des étudiants de l’université, tous cursus confondus, y participent et s’y préparent grâce aux interventions de professionnels (avocats, slameurs, metteurs en scène…) qui leur enseignent les techniques de la prise de parole en public.
Au fil des semaines, ils découvrent les ressorts de la rhétorique. Il vont s’affirmer, se révéler aux autres et surtout à eux mêmes.
Ils vont se piquer au jeu et chacun tentera de devenir le meilleur orateur du 93.
« A voix haute » suit une vingtaine de candidats pendant plusieurs semaines au cours de leur formation.
Pour Stéphane de Freitas, fondateur d’« Eloquentia » et réalisateur de « A voix haute », le film permet de porter un autre regard sur la banlieue, de mettre en lumière une jeunesse aux antipodes de l’image véhiculée par les médias.
Les jeunes gens, pour la plupart d’entre eux issus de l’immigration, sont tous saisis par le désir d’apprendre et de se dépasser et animés d’une grande curiosité.
La prise de parole en public est un défi. Elle implique un dépassement de soi mais aussi des qualités de clarté du discours, une disposition à formuler ses idées, à intéresser son auditoire par le contenu du propos mais également avec la meilleure utilisation des atouts naturels de chacun, la part du jeu de séduction.
Les pédagogues qui encadrent le stage donnent le ton en installant d’emblée un climat simple, chaleureux et bon enfant face à des stagiaires qui saisissent la balle au bond et leur renvoient un enthousiasme et une bonne humeur réjouissants.
Dès lors que les différents personnages se dessinent et s’imposent chacun à sa façon, le récit prend la forme d’un véritable challenge.
Chaque élément du groupe entre en compétition mais sans la moindre trace de rivalité, sans se départir jamais d’une vraie jovialité, d’un esprit de camaraderie. Le concours est un jeu et chacun le prend comme tel, même si le désir de l’emporter semble important pour certains. Parmi ceux-là, le jeune élève comédien qui voit dans son éventuel succès au concours un moyen de plus de se dire qu’il a fait le bon choix pour son avenir.
Au-delà de l’absence de rivalité entre les candidats, on peut même parfois détecter chez eux un élan d’encouragement envers les autres et ceci sans non plus tomber dans l’angélisme.
« A voix haute » est un film qui fait du bien à une époque où l’individualisme domine et les rapports qui s’établissent entre les jeunes gens du groupe paraissent sincères, sans calcul et jusqu’aux différentes étapes des éliminatoires, le climat reste le même, même si le désir de l’emporter est palpable surtout chez les candidats qui, en très peu de temps, ont brûlé les étapes et, de l’effacement, sont passés à l’état de leader.
Au fur et à mesure qu’approche l’échéance finale, « A voix haute » se charge de suspens et d’émotion. Le spectateur brûle de connaître le verdict et lorsqu’il survient et que l’enthousiasme reste intact, il est bouleversé par la joie débordante du vainqueur mais également par les réactions toujours aussi chaleureuses des autres.
Une réussite. Un film qui fait chaud au cœur.
Francis Dubois
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