Andreas est un jeune inspecteur de police promis à un bel avenir. Il travaille en équipe avec Simon qui a tendance à régler dans l’alcool des difficultés liées à un récent divorce difficile.
Andreas est marié à Anna et ils viennent d’avoir un bébé qui les comblerait de bonheur s’il n’avait, des nuits durant, des crises de pleurs auxquelles ils remédient à tour de rôle, par des promenades nocturnes qui finissent par l’apaiser.
Un jour, Andreas et Simon interviennent dans l’appartement d’un couple de drogués où ils découvrent dans un placard un bébé laissé à l’abandon. Mais l’enquête des services sociaux qui fait suite, faute de preuves de maltraitance, n’autorise pas un placement de l’enfant dans une structure d’accueil.
Une nuit, inquiète de ne pas entendre son bébé pleurer, Anna le découvre dans son berceau sans vie.
Andreas prend, sous le coup du désespoir et de l’égarement, la décision de changer le cadavre de son enfant contre celui du couple de junkies pendant que ceux-ci dorment, assommés par une prise massive de drogue.
Anna, qui n’arrive pas à supporter la mort de son enfant et la présence auprès d’elle, de celui qui n’est pas le sien, se suicide.
Comment, après l’enquête qui s’impose, Andreas va-t-il pouvoir s’extraire de la situation où il s’est plongé sous le choc du désespoir ?
Si le film de Suzanne Bier comporte des scènes violentes, ce ne sont pas les plus frontales qui pèsent sur le récit. Très tôt, c’est la menace diffuse qui semble exposer les deux bébés à un danger latent qui installe une atmosphère angoissante.
Les sorties nocturnes d’Anna et Andreas, en compagnie de leur enfant, les exposent-elles à un danger dont l’effet premier serait de ne pas se nommer, de rester indécelable mais palpable ?
Sous le coup de la mort dans son sommeil de son enfant, Andreas va commettre un acte inadmissible dont la gravité va amener le spectateur à une prise de position prudente quand il s’agira de porter un jugement sur son implication morale.
Le récit repose dans un premier temps sur des à-priori et à mesure qu’on avance dans l’histoire, le spectateur est amené à réviser ses impressions premières et du coup, à revenir sur la ligne générale du récit.
Celui, négatif qu’on pouvait porter d’entrée de jeu sur la jeune mère droguée s’avère être à reconsidérer au fur et à mesure du récit jusqu’à découvrir que la marginalité la plus radicale n’anéantit pas forcément la force de l’amour maternel. Il peut arriver qu’on soir amené à se questionner sur la personnalité trop lisse d’Andreas comme on peut s’interroger sur certains comportements intrigants d’Anna. Et ce ne seront pas, au bout du compte, les personnages les plus noirs qui s’avéreront être les plus nocifs.
On pourra reprocher au film de Suzanne Bier de plonger le récit dans un entremêlement de grosses ficelles parfois, de surcharges narratives pouvant aller jusqu’à l’effet, mais on est forcé de reconnaître l’efficacité d’une progression dramatique souterraine bien conduite.
Le film reste au niveau d’un récit intime même lorsqu’il se met à fonctionner selon les codes d’un thriller. Car, si les personnages principaux sont tous les quatre les moteurs d’une mécanique quasi diabolique, les personnages de second plan restent dans un domaine du quotidien les sentinelles d’un comportement « normal et ordinaire ».
Francis Dubois
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu