La légende du rock Marianne Lane est devenue aphone. Elle a dû annuler des concerts avant de partir se reposer sut l’île de Pantelleria avec Paul, son compagnon.

Ils se préparaient à des vacances amoureuses et reposantes lorsque débarque Harry, un producteur de musique iconoclaste avec qui Marianne a eu autrefois une liaison.

Il est accompagné de sa fille Pénélope, dix-sept ans, nonchalante et séductrice.

Le passé ne tarde pas à ressurgir. Il va ranimer de vieilles flammes mal éteintes entre Marianne et Harry et Paul, aussi amoureux qu’il soit de Marianne, saura-t-il résister au charme à la fois enfantin et pervers de Pénélope.

Cinéma : A bigger splash
Cinéma : A bigger splash

« A bigger splash  » est avant tout un film sur l’amour, la beauté, le désir et le danger que représentent les retrouvailles de deux anciens amants même s’ils ont converti les sentiments passés en une sincère camaraderie.

Les premières séquences du film donnent la mesure de l’amour-désir qui unit Marianne et Paul. Ils sont beaux. Le soleil, la lumière et la beauté de l’île leur vont bien. Le bonheur d’être ensemble plus que l’aphonie de Marianne les rend silencieux.

Lorsqu’ Harry survient flanqué de sa fille, Paul le ressent d’entrée comme un personnage encombrant dont il faut se débarrasser. Bavard, volubile, efficace, brillant, bouillonnant, il a tout pour irriter une nature calme, peu expansive.

Paul se résignera à la compagnie d’Harry par amour pour Marianne et pour ne pas la priver du plaisir de retrouver, pour des vacances, un vieux complice de travail.

Le canevas de départ de «  A bigger spash  » n’a rien d’original.

C’est une sorte d’histoire « blanche », de kit que le metteur en scène Luca Guadagnino va nourrir, d’atmosphères, du déroulement d’un quotidien oisif et joyeux, de frôlements innocents qui vont remédier aux dissensions et aux contrastes d’humeur.

La première heure du film (qui en compte deux) repose sur ces moments d’oisiveté où les personnages demeurent inoffensifs. Les journées se déroulent de façon presque languissante. Paul et Marianne sont amoureux. Pénélope se tient en retrait et Harry s’est cantonné dans son personnage débordant auquel on s’est habitué.

Mais progressivement, de façon souterraine, le scénario injecte dans le récit de petites alertes qui vont bientôt peser sur une atmosphère qu’on croyait définitivement vouée à la sérénité.

C’est dans cette façon insidieuse et rampante d’acheminer le récit vers le drame, que Luca Guadagnino transforme avec talent et de façon lentement machiavélique, une simple histoire de nantis en vacances en un récit à chaque fois un peu plus pesant, dont les limites des règles établies ne tardent pas à vaciller, où les menaces couvent.

La légèreté du récit laisse alors place à une densité narrative subite mais là encore, le metteur en scène prend son temps pour mieux laisser les protagonistes aller vers leur destin.

Et malgré le drame survenu, le récit va se permettre une chute complètement inattendue qui va déboucher sous la forme d’une pirouette, sur une happy-end immorale, un retour sur l’amour intact de Marianne et Paul.

Comme si entre les étreintes du couple dans les premières séquences et l’élan de désir retrouvé de la scène finale, rien ne s’était vraiment passé.

C’est magistralement réalisé, magnifiquement interprété. C’est beau à couper le souffle. On peut ne pas bouder son plaisir mais on peut aussi trouver ce monde oisif et tout ce qui va avec, un peu vain.

Francis Dubois


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