Trois courtes pièces, la première signée du chorégraphe français Pierre Fontvianne, Beasts poem, les deux suivantes, N.N.N.N. et One Flat Thing, reproduced signées William Forsythe, forment un programme varié et bien équilibré.

Ce qui intéresse Pierre Fontvianne, ce sont « les frottements entre les mots et la danse ». Pour Beasts poem, la scène est plongée dans une semi-obscurité qu’éclairent quelques rougeoiements. On entend la voix de la journaliste et autrice de documentaires Ikram Benchrit disant un de ses poèmes en arabe. La sonorité de la langue fait écho aux mouvements des danseurs qui se répètent. Comme venu des lointains s’élève un grondement sourd, d’où émergent parfois les bruits d’une foule, des sifflements, des bruits métalliques. Une femme debout, seule à être éclairée, semble observer un corps qui tombe et qu’un danseur aide à se relever encore et encore. Peu à peu les danseurs, vêtus de sombre, forment un collectif, la gestuelle devient plus opulente tandis que les bruits s’amplifient, laissant imaginer une manifestation des printemps arabes, les cris de la foule et la brutalité des interventions policières. On est comme envoûté par ces danseurs qui se heurtent et basculent, ce poème en arabe qui devient presque chant et ces échos de foule qui leur répondent.

N.N.N.N. est un quatuor sans instrument imaginé par William Forsythe. Les corps des interprètes les remplacent, s’accordant non sans quelques accrocs. Les bras se posent sur la tête, sur la taille, s’emmêlent, se détachent. Les corps se rapprochent, s’évitent et c’est le souffle des danseurs qui les accompagne.

Dans One Flat Thing, reproduced, vingt tables identiques, blanches et rectangulaires occupent l’espace que tentent d’investir, dans un chaos très organisé, les quatorze interprètes. Vêtus de couleurs vives, ils déploient leurs gestes au-dessus, au-dessous et même dans les intervalles des meubles. Seuls ou en couples, ils glissent sur les tables, se faufilent dessous, s’élancent au-dessus, se font traîner dessus, semblent retrouver le calme à l’arrière avant de repartir à l’assaut. On retrouve la grammaire de la danse classique mais déconstruite. C’est gai, coloré, virtuose et follement dynamique.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 11 mai dans le cadre de Séquence Danse Paris 2023 au Cent Quatre, 5 rue Curial, 75019 Paris – à 21h – Réservations : 01 53 35 50 00 ou billetterie@104.fr – le 14 juin à l’Opéra de Dijon

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