C’est un spectacle joyeux, coloré où les danses se mêlent sans aucune hiérarchie. Le flamenco côtoie le classique, les pointes font de la place au hip-hop et à la break-dance, la danse africaine s’invite avec ses tambours et ses rythmes frénétiques, les pieds nus laissent place au claquement des chaussures à talons des danseurs de flamenco. Les moments où les seize danseurs dansent ensemble alternent avec des duos, qui virent parfois à une battle rieuse.

Les danseurs affirment leur désir de danser en dépit des petites humiliations, en dépit de ceux qui leur ont dit qu’ils n’avaient pas un corps de danseur, qu’ils étaient trop ronds ou trop maigres, que leurs seins étaient trop gros ou trop petits. Ils refusent les préjugés et les impératifs, ils les ont dépassés, ont refusé la virtuosité ou l’ont au contraire recherchée. Ils démontrent avec enthousiasme et humour que tous les corps qui dansent sont beaux, parce qu’il n’y a pas de modèle uniforme. On est émerveillé par l’impétuosité rythmique, la précipitation nerveuse de la danse, la sensualité des corps, les couleurs.

Construit et reconstruit maintes fois durant la pandémie, le projet garde l’empreinte de la menace écologique. Sur la vidéo en fond de scène on voit dériver un petit bateau en papier journal où l’on distingue un titre « tout est foutu, soyons joyeux » ! Peu à peu les vidéos font faire une place au trouble face au chaos du monde. Un zèbre et un éléphant se partagent un petit bateau de papier. Comme dans un rêve un ours marche dans une cité enneigée et vide, des animaux sauvages se placent dans les box d’un parking, d’autres défilent en rangs serrés derrière les baies vitrées d’immeubles de bureau. Tandis que les danseurs continuent à danser, le chaos écologique menace, les animaux disparaissent silencieusement et on reste très perplexe sur ce final où les danseurs font chanter la salle sur « on est le nombril du monde » !

Reste l’idée que la danse est comme un îlot de joie, une terre d’asile qui ne craint pas les métissages, qui accepte tous les corps, car lorsqu’ils dansent ils sont beaux. Le bonheur de danser permet d’embrasser plus joyeusement l’existence nous dit José Montalvo.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 22 octobre au Théâtre de la Ville hors les murs à l’Espace Chapiteaux de La Villette, 211 avenue Jean Jaurès, 75009 Paris – du mardi au vendredi à 20h, le samedi à 19h – Réservations : 01 40 03 75 75 ou lavillette.com –

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