 
La réédition en poche de cette saga de soldats perdus appelés « Afghans » pour leur participation à la guerre menée par l’URSS en Afghanistan, soldats perdus d’une défaite dont personne ne veut se souvenir comme à chaque fois et quelque soit le pays, est totalement dans notre actualité la plus brutale. « Le dernier afghan », d’Alexeï Ivanov, est un roman un peu onirique, vécue dans les brumes des drogues illicites et de la vodka d’une cohorte de jeunes gens rejetés de la société qui essaient de trouver les voies et les moyens de survivre et d’exister sous la conduite d’un chef charismatique et leurs déchirements. C’est aussi l’histoire d’une société en train de perdre tous ses repères, toutes ses références pour entrer dans un nouveau monde en même temps qu’une corruption qui gangrène tous les rapports sociaux et amicaux.
Nous sommes à la fin des années 1990. Le Mur de Berlin s’est écroulé en novembre 1989, l’URSS est en train de s’effondrer, la Fédération de Russie sortira de ces limbes passant à la « transition vers le capitalisme » dans un chaos total avec la formation de clans mafieux voulant se nourrir sur la bête en faisant régner un climat de terreur et en pratiquant l’assassinat à grande échelle au détriment de la création de richesses. Une situation qui ne pouvait pas durer. Il fallait un chef qui organise la corruption en remettant en marche la société et l’économie sur des bases nouvelles, celle de l’accumulation du Capital et ce sera Poutine.
Ce roman décrit les prémisses de l’arrivée du sauveur. Le tourbillon d’une société qui se désagrège. Ivanov connaît ses classiques et il sait s’en servir pour faire ressentir cet écroulement. Il donne aussi l’image d’un pouvoir hors du monde, incapable de comprendre ce qui est en train de se passer, leur fin à cette bureaucratie qui, individuellement, cherche un avenir dans le capitalisme…
A lire…
Nicolas Béniès
« Le dernier Afghan », Alexeï Ivanov, traduit par Raphaëlle Pache, Rivages/Noir
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