Une bachelière en sciences et en lettres se présente chez un professeur pour se préparer à passer un « doctorat total ». Accueillie par la bonne, Marie, elle attend le professeur, prêt à tout enseigner. La leçon commence paisiblement par la géographie, se poursuit avec l’arithmétique. Face à l’élève enjouée et sûre d’elle, le professeur est prévenant et poli. Si tout se passe bien avec les additions, l’élève commence à dérailler avec la soustraction, se trouble tandis que le professeur devient de plus en plus autoritaire et agacé. Cela empire avec les cours de linguistique et philologie comparée et de langue. En dépit de mystérieuses mises en garde de la bonne, et tandis que l’élève ne cesse de se plaindre d’avoir mal aux dents, le professeur sombre dans la colère et la violence la plus brutale. Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault ont conçu et chorégraphié cette adaptation de la célèbre pièce de Ionesco en en gardant tout l’humour. Les leçons d’arithmétique et de philologie trouvent un écho dans la danse, les chiffres et les mots se dansent et le professeur devient le maître du corps comme des esprits. L’élève est noyé sous les informations, le professeur prend possession de son esprit, le domine et le soumet jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Petite jupe plissée, chemise blanche, cravate rouge, précédée par le ding-dong de la sonnette l’élève (Manon Chapuis) est accueillie par la bonne à l’aspect sévère (Solène Messina-Ernaux). Le professeur (Julien Derouault) arrive sur sa trottinette, moderne, sûr de lui et de son savoir. Sept danseurs et danseuses vont accompagner l’élève dans ses apprentissages, chorégraphier les langues avec un Allemand très viril et un Français délicat, s’épuiser souffle court, brandir des petites chaises rouges d’écolier et s’y allonger tels des nageurs novices se noyant dans l’énormité des savoirs à acquérir. Peu à peu l’élève perd de sa vivacité et de son énergie, s’enfonce dans la plainte, la mort semble rôder avec un squelette qui se dessine en fond de scène. À l’inverse le professeur devient de plus en plus dominateur jusqu’à la brutalité.

La danse fait écho au texte et en redouble l’humour. Les duos entre le professeur et l’élève et les moments d’ensemble où tous les danseurs semblent participer aux leçons sont pleins d’une formidable énergie et d’une virtuosité époustouflantes.

Le maître de ballet, comme le professeur de Ionesco, a détruit l’élève. Il ne reste plus qu’à s’en débarrasser, comme des précédents, mais cela risque de finir par se voir !

Micheline Rousselet

Jusqu’au 15 juin au Théâtre La Scala, 13 bld de Strasbourg, 75010 Paris – à 19h ou à 15h – Réservations : 01 40 03 44 30 ou https://lascala-paris.fr – Tournée : le 6 novembre à Pacé (35), le 16 janvier 2026 à Franconville (95), le 24 janvier 2026 à Dôle (39), le 26 janvier 2026 à Sochaux (25), le 30 janvier 2026 à Muret (31), le 27 février 2026 à Vaugneray (69), le 1er mars 2026 à Chenove (21)

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