En 2019, pour fêter le centenaire du Théâtre du Petit Monde, Nicolas Rigas, qui a repris la Compagnie en 2009, avait choisi de mettre en scène des extraits des opérettes d’Offenbach dans Une soirée chez Offenbach. Le succès étant au rendez-vous, tant à Avignon qu’à Paris, la Compagnie se lance cette année dans une adaptation de La Belle Hélène. Mais si Hélène, Ménélas, Agamemnon et Pâris sont toujours là, l’action ne se passe plus dans la Grèce antique mais se trouve déplacée par le scénariste Martin Loizillon au cœur du tournage de la 127ème saison de La Belle Hélène et les Garçons, célèbre série télévisée des années 1990 qui prend la suite de « La Belle Hélène sous Louis XIV » et de « La Belle Hélène et le Fuhrer » ! Dans la mise en scène de Nicolas Rigas, le public entre au milieu des caméras, sous la perche du preneur de son. Les spectateurs se trouvent transformés en figurants de la série ou en chœur de l’opérette, selon les moments. Sous la ferme direction de Christophe Auzolles, ils sont priés de parler pour vérifier qu’on n’entend rien (!), d’applaudir, voire de monter sur scène pour accompagner les comédiens-chanteurs. La satire offenbachienne prend un nouvel élan avec les rivalités et les caprices de ceux qui sont censés incarner à l’écran les personnages antiques. Hélène n’en peut plus de Ménélas, qui a pris trop de kilos en faisant la promotion d’un foie gras et lui préférerait de beaucoup le petit jeune homme tout droit débarqué d’Hollywood qui va incarner Pâris. Mais comment se débarrasser de son époux encombrant au propre comme au figuré ?

Toute la musique d’Offenbach est là, jouée sur scène par huit musiciens (un piano, deux violons, une clarinette, un trombone, un accordéon et une flûte) dont certains jouent à l’Opéra de Paris. Nicolas Rigas prête sa voix ample et brillante de baryton-basse à Agamemnon, « le roi barbu qui s’avance ». Christine Tocci offre sa voix claire et soyeuse de mezzo-soprano à cette Hélène séductrice et coquette. Le ténor Christophe Poncet de Solages joue un Pâris séducteur plein d’ironie chantant sur l’air du Brésilien « Je viens directement d’Hollywood ». Martin Loizillon est le réalisateur, Stéphane Spielberg (ne pas confondre avec Steven !) qui débarque en plein chaos de la production et tente d’y comprendre quelque chose. Salvatore Ingoglia, avec un tempérament comique assuré, campe un Ménélas grassouillet (non …« détendu » dit-il) persuadé qu’une grande carrière l’attend à Hollywood et Mylène Bourbeau incarne l’assistante qui court partout, tentant d’arrondir les angles, d’expliquer sans trop révéler et de calmer les ego.

En dépit de petites longueurs sur un épisode de grève, les spectateurs se laissent griser par la musique d’Offenbach, les voix qui la portent et se réjouissent de retrouver les airs célèbres qu’ils connaissent, transposés dans un tout autre contexte.

Un spectacle gai qui reprend l’esprit satirique d’Offenbach et devrait plaire à Avignon comme il a plu lors de sa création au Mois Molière à Versailles.

Micheline Rousselet

Au Mois Molière à Versailles dans la Cour des Grandes Écuries, les 7, 8 et 30 juin – dans le cadre du Festival Off d’Avignon, du 5 au 26 juillet au Carmel, 3 rue de l’Observance, à 20h30 – Relâche les 11, 18 et 25 juillet – réservations : moismoliere.com/avignon

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