Pascal Engman, auteur suédois à la figure juvénile si j’en crois la photo, sait, comme personne, se saisir des sujets d’actualité pour les raconter sous la forme d’une fiction crédible qui attire en même temps l’attention sur des questions à résoudre. Son roman précédent au titre explicite « Féminicide » avait été un succès. Dans « Les veuves », les personnages principaux se retrouvent, à commencer par Vanessa Frank et Nicolas Paredes, couple qui n’arrive pas à se former tout en se retrouvant. Les veuves, ce sont les femmes des « croisés » de Daech décidées à venger leur mari, leur frère, les enfants tués dans ces guerres étranges, sorte de renouveau des dogmes religieux dans nos sociétés dénuées de toute spiritualité, soumis à la règle de la rentabilité maximum. Au fanatisme de l’argent-roi a répondu le fanatisme religieux qui ne s’appuie réellement sur aucun texte sinon sur la haine de l’autre pour oublier la haine de soi et sa propre responsabilité.

A Stockholm, une cellule de Daech prépare un attentat. L’affaire se dévoile par l’intuition d’une pseudo-mère, Vanessa qui avait quasi adopté Natacha, une jeune syrienne rescapée de ces camps. Son assassinat est gommé par celui d’un policier, fausse piste, et il faudra toute l’énergie de la jeune femme pour commencer à y voir clair. Le tout baigne dans la nuit, qui tombe de bonne heure au mois de novembre dans cette partie du monde, magma dans lequel s’enfonce la Ville. Contrairement à une évolution récente, peu de musique pour éclairer l’obscurité.

L’auteur décrit les psychologies des protagonistes. Ses personnages ne sont pas des pantins ou des faire valoir, ils et elles sont crédibles. La mort est leur compagne et sert de carte d’entrée dans les cieux pour y vivre une plus grande vie que la vie sur terre. Un informaticien, bègue et super-performant dans son domaine, dont le fils a été atteint par une grenade alors qu’ils marchaient dans la rue, sera le deus ex machina de la résolution de l’affaire.

Un polar, un peu thriller, un peu documentaire qu’il n’est guère possible de laisser avant de connaître la fin.

Nicolas Béniès

« Les veuves », Pascal Engman traduit par Catherine Renaud, Éditions nouveau monde


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