Après avoir écrit Le Bétin paru en 2021 aux éditions Maïa, Olivier Lusse Mourier le met en scène avec l’intention de le donner à sentir et à comprendre plus visiblement. Monter cette histoire qui est la sienne est pour lui indispensable : il veut être porteur d’espoir pour les enfants violentés et montrer que la résilience est possible.

11 août 1999 : Axel, 33 ans, danseur et comédien, entend à la radio qu’en France on va assister à la dernière éclipse de soleil totale du XXème siècle et qu’elle sera visible à Reims, ville maudite de son enfance où il n’est jamais retourné. Il est alors submergé par les souvenirs traumatiques et par le Bétin, son double, le nom que lui donnait son beau-père et qui en patois champenois signifie imbécile, abruti, faible d’esprit. Symboliquement, l’éclipse de soleil l’amène à plonger dans l’obscurité de ses souvenirs pour faire la lumière sur ce qu’il a vécu.

Nous spectateurs allons le suivre dans ce cheminement intérieur et assister aux séances avec la psy qu’il consulte régulièrement. Le spectacle alterne séances émouvantes avec la psy jouée avec une grande sensibilité, une grande humanité et une immense tendresse par Bérangère Dautun et retours en arrière : sa vie avec une mère fragile psychologiquement et incapable de s’occuper de lui, un beau-père d’une extrême violence physique et psychologique et Claire, son amoureuse de jeunesse.

Les saynètes s’enchaînent entrecoupées d’extraits de tubes des années 70 et de danses exécutées avec brio par Thomas Priscoglio, véritables moments de respiration.

Les comédiens sont tous remarquables : Thomas Priscoglio est un Axel tourmenté qui souffre et doute mais est décidé à s’en sortir. Maurine Dubus joue ELLE, la mère qui est certes incapable de s’occuper de son fils, qui peut parfois être violente mais qui l’aime à sa façon. Antoine Gatignol est IL, le beau-père, tout en violence. Quant à Manon Potier, elle joue une amoureuse enjouée, généreuse, véritable rayon de soleil.

Un spectacle qui traite d’un sujet trop longtemps resté tabou et qui est d’une grande utilité pour sensibiliser les jeunes aux risques liés à la pédocriminalité et un spectacle plein d’espoir pour les victimes.

Frédérique Moujart

Jusqu’au 1er juin du jeudi au samedi à 21h, les dimanches à 14h30 – Studio Hébertot, 78 bis bd des Batignolles, Paris 17ème -Réservations : 01 42 93 13 04 ou www.studiohebertot.com


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