Serge, futur Premier Ministre des Pays-Bas, a convié son frère Paul et sa femme Claire à le rejoindre lui et sa femme, dans un élégant restaurant. Il veut lui parler de leurs fils. Une vidéo compromettante tourne en boucle sur les réseaux sociaux. Leurs fils ont fait quelque chose de grave.

Jean-Benoît Patricot a adapté le roman à succès éponyme d’Herman Koch publié en 2009. Le roman pose une question brûlante. Jusqu’où les enfants que nous aimons et choyons sont-ils capables d’aller ? Quelle erreur avons-nous commise dans leur éducation pour en faire des monstres et jusqu’où sommes-nous prêts à abandonner nos valeurs et nos règles morales pour les protéger ?

Avec la metteuse en scène Catherine Schaub, ils ont choisi de monter le dîner sous forme de monologue plaçant le public dans la tête de Paul avec ses pensées, ses tensions internes, ses contradictions et ses arrangements personnels avec ses principes d’éthique. La table est mise avec ses quatre couverts, sa vaisselle élégante et ses jolis verres. Sur le côté un guitariste (Laurent Guillet en alternance avec Édouard Demanche) installe le fond sonore discret d’un restaurant élégant. Parfois lorsque Paul révèle la tension et la colère qui l’animent des riffs plus agressifs ou plus sombres sapent la façade élégante de la musique d’ambiance. Lorsque la conversation amène les convives au bord de la rupture, le guitariste quitte sa position d’observateur pour celle de serveur, présentant le menu et annonçant les plats d’une façon précieuse et emphatique qui rompt avec ironie la gravité des sujets abordés.

Pour incarner cet homme apparemment ordinaire qu’est Paul, le choix de Bruno Solo, un acteur bien connu que tout le public s’accorde a priori à considérer comme sympathique, s’est imposé à Jean-Benoît Patricot et Catherine Schaub. Il est seul en scène, texte en main devant la table et met peu à peu à jour ses pensées. Au début on le sent juste un peu inquiet, mais au fur et à mesure de l’avancée du récit, il va révéler le cynisme, l’égoïsme et la violence du personnage. Il est impressionnant de calme et de noirceur et confronte le public à des questions cruciales sur sa responsabilité personnelle face à l’injustice sociale et à la violence.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 1er décembre au Théâtre de l’Atelier, 1 Place Charles Dullin, 75018 Paris – les vendredis et samedis à 19h, les dimanches à 18h – Réservations : billetterie@theatre-atelier.com ou 01 46 06 49 24

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