Connaissez-vous Maxime Rovere ? Ce spécialiste de Spinoza est aussi un romancier-philosophe (Le Clan Spinoza, Amsterdam 1677, en 2017). Rovere œuvre au carrefour de l’histoire et de la philosophie et surtout pratique comme les archéologues, l’anastylose : non pas restaurer des architectures effondrées auxquelles il manque nécessairement des pièces mais les remonter en mélangeant leurs vestiges épars avec des matériaux actuels comme des ciments ou des plâtres. On perd certes en authenticité mais on gagne une reconstitution harmonieuse qui donne parfaitement l’idée de la chose. On sait que l’artifice et la fiction peuvent servir la vérité. Dans son dernier roman, Maxime Rovere réalise l’anastylose d’Apollonios de Tyane, un sage grec oublié. Le titre et son sous-titre peuvent surprendre mais il ne s’agit pas d’un livre de développement personnel teinté de mysticisme! Apollonios, contemporain de Jésus de Nazareth, est en quelque sorte son autre philosophique. Penseur pythagoricien, Apollonios prêche, guérit et « fait des miracles » mais sans l’aide du Père. Certes, le sage a recours à du « divin », mais cela signifie juste que l’humain peut surpasser sa mesure ordinaire. Comment ? Par une intelligence non conformiste des ressorts de l’humaine nature, inscrite dans une compréhension de la nature toute entière, voire une complicité avec le Soleil, la Lune et la Terre ! Si l’on ajoute qu’Apollonios était végétarien, cela peut faire de lui une figure éminemment actuelle. Un sage pour notre siècle ? Sans doute, mais aux côtés de cette autre figure chère à Rovere qu’est celle de Spinoza.
Jean-Pierre Haddad
« Le livre de l’amour infini ». Vie d’Apollonios, homme et dieu – Maxime Rovère – Flammarion, 2024
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