« Deux nuits à Lisbonne » est une course poursuite pour trouver trois millions d’euros d’une femme, Ariel, dont le mari John a, suivant ses dires, disparu, été enlevé. Chris Pavone a voulu construire des effets de miroir entre des personnalités, une sorte de comédienne ratée qui trouve le rôle de sa vie. Le scénario est un petit trop bien écrit, et, très vite, apparaît la vraie cible de cette femme, un homme de pouvoir, milliardaire – comment ne pas penser à Trump ? – avec qui elle a un compte à régler. Dans l’ambiance de ces années Me Too, il est facile d’en conclure qu’il s’agit d’un viol.

Une discussion avec Jerry, l’avocat alcoolique du bled où elle réside lorsqu’elle a fuit New York et son mari pour acheter une librairie, éclaire la suite et le début. Toute l’intrigue se déroule tellement sans anicroche qu’il est impossible d’y croire. Et même de croire aux cas de conscience des agents de la CIA. La démonstration du coup tourne à vide.

Le plaisir est là dans la première partie par la comédie que joue, se joue, nous joue la soi-disant jeune mariée qui ne connaît pas grand chose du passé chargé – comme le découvre l’enquête – de son mari. Les policiers portugais, les représentant.e.s – le féminin a son importance – de la CIA font leur boulot, la vue obscurcie par la victime présumée.

La deuxième qui dévoile la « machination » de la vengeance est un peu trop surchargée et, surtout, souffre d’un manque de crédibilité en regard des agissements actuels et passés de Trump.

Un polar qui se veut dans l’air du temps mais rate sa cible faute d’arrière plan dramatique. Il faut prêter aux puissants toute la volonté de s’en sortir par tous les moyens.

Nicolas Béniès

« Deux nuits à Lisbonne », Chris Pavone traduit par Karine Lalechère, Folio Policier


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