Ce film de fiction, réalisé par Jonathan Millet, dont c’est le premier long métrage, sorti en juillet 2024, est inspiré du vécu de victimes de tortures, de ceux et celles qui ont vu mourir leurs proches, et qui ont réussi à échapper à leurs bourreaux en Syrie. Certain-e-s rescapé-e-s hésitent entre vengeance et exigence que la justice soit rendue, en cherchant à identifier des criminels proches du dictateur syrien qui cherchent à se faire oublier en se faisant passer pour des réfugiés ou continuent en Europe leur activité d’agents de renseignement sur les exilés.
Par le jugement récent, fin mai, de tels criminels [1] de guerre, pour la première fois en France, au nom de la compétence universelle (www.fidh.org/fr/regions/maghreb-moyen-orient/syrie/la-justice-francaise-condamne-a-la-perpetuite-trois-proches-de-bachar), ce film est au cœur de l’actualité, et d’une grande qualité pour comprendre le poids des traumas et séquelles affectant la plupart des migrants. Après avoir été sélectionné en séance d’ouverture de la Semaine de la critique du Festival de Cannes 2024, il a obtenu plusieurs prix pendant l’été.
Il est complémentaire, par les dimensions émotionnelles et interrogations qu’il introduit, d’un film documentaire sur le même thème, également de grande qualité, ‘’Les âmes perdues’’, réalisé en 2023 par Garance Le Caisne et Stéphane Malterre, soutenu nationalement par la LDH, qui permet de mieux comprendre l’importance du jugement venant d’être rendu après une longue instruction alors que la France s’y était toujours refusée (contrairement à l’Allemagne) en renvoyant jusqu’ici vers la Cour Pénale Internationale qui, en l’occurrence, est bloquée par le soutien de Poutine au dictateur syrien…
Ces 2 films, comme la récente décision de justice, peuvent redonner de l’espoir à tous ceux qui ont été (ou sont encore) emprisonnés et torturés dans le monde pour leurs idées, en montrant à leurs bourreaux que ces crimes peuvent ne pas rester impunis.
Philippe Laville


[1] Contrairement à ce qui a été modifié à tort dans mon article publié en page 30 de l’US-MAG 847 de juillet 2024, il n’est absolument pas fondé d’utiliser ici le langage inclusif, les criminels au service du dictateur syrien, récemment jugés et condamnés, comme les bourreaux évoqués dans le film inspiré du réel, sont tous exclusivement des hommes.


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