La nouvelle de Camus se prête parfaitement au seul en scène : il suffit de procéder à quelques coupures pour obtenir le format souhaité, soit 1h15 de spectacle.
Le théâtre est si petit que le public, serré à quelques mètres de la scène, ne perd rien des expressions ni des mouvements de l’acteur et metteur en scène, Jean-Baptiste Artigas, qui incarne un Jean-Baptiste Clamence clamant le récit de sa chute non certes dans le désert, mais à un interlocuteur présent/absent et surtout au quatrième mur/ à nous autres pauvres pécheurs.
Le texte et le comédien font surgir le décor de la rencontre : un bar du port d’Amsterdam et son patron-gorille, des rues et des canaux, une excursion sur le Zuyderzee, tandis que se révèle peu à peu un personnage cynique mais nourri de références aux Écritures, qui nous convainc au bout du compte, que nous lui ressemblons.
L’ensemble produit l’inconfort moral recherché par l’auteur dans une adaptation de Jacques Galaup qui, en retirant quelques digressions, permet au récit d’avancer de façon dynamique. En un peu plus d’une heure (soit moins de temps qu’il n’en faut pour le lire), nous absorbons le texte de Camus, nous le recevons en quelque sorte de plein fouet, sans avoir le loisir d’interrompre puis de reprendre la lecture, ce qui serait peut-être un moyen d’en saisir toute la finesse, mais pourrait constituer une échappatoire dont on peut gager que Camus ne voulait pas.
Dominique et Marianne Grissolange Leguen
Jusqu’au 6 janvier 2025 le dimanche 18h et lundi 19h – Essaïon, 6 rue Pierre au Lard 75004 Paris – Réservations : 01 42 78 46 42, www.essaion .com.
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