Moins célèbre que Tibère, Caligula ou Néron, Varius Avitus Bassianus règne de 218 à 222 sous le nom de Marcus Aurelius Antoninus. On se souvient de lui par son surnom, Héliogabale car il était aussi grand-prêtre du dieu syrien Elagabal (ou Héliogabale).
Le personnage historique a 14 ans lorsqu’il est mis sur le trône par sa grand-mère. Il est assassiné à 18 ans lors d’une émeute, par une foule révoltée par son comportement scandaleux, ses transgressions y compris sexuelles, ses assassinats, son usage du pouvoir à seule fin de satisfaire ses appétits et ses perversions.
Pascal Vitiello, le metteur en scène, par le choix des acteurs, nous propose une lecture autrement plus politique. Magnétique et terrifiant, Mickaël Winum, incarne un Héliogabale qui n’a pas 14 ans ; il n’en a ni la naïveté, ni l’innocence. Sa voix et sa diction nous font ressentir sa force. Il défend cette nouvelle religion de la pierre noire, se désintéressant de Rome et de son gouvernement. Il célèbre l’amour, mais tel Dorian Gray, c’est, hélas, pour en explorer les facettes les plus sordides et les plus cruelles. Superbe Geneviève Casile, sa grand-mère, Julia Maesa, qui porte sur elle, malgré son âge et sa fragilité physique que l’on devine, toute la force et le souci de l’État. Certes elle souhaite garder son pouvoir mais elle travaille voire intrigue pour que Rome ait un empereur qui « fasse le job », dusse-t-elle y sacrifier son petit fils. Le sens de l’État, ou du pouvoir, l’emporte sur celui de la famille.
La construction de la pièce repose sur un triangle : Comazon, préfet de Rome, interprété par Gérard Rouzier, servira-t-il Julia jusqu’au bout ? Lequel des deux trahira-t-il ? Héliogabale ou Julia ?
Des dialogues énergiques, portés par une diction formidable – trop rare aujourd’hui au théâtre – qui ne nous laisse rien perdre de ce qui se joue entre les trois personnages, construisent un suspense appuyé par un procédé simple mais efficace : la projection en toile de fond de ciels qui rythment et font écho à l’action.
Marianne Grissolange Leguen
Du 29 juin au 21 juillet- Avignon-Théâtre des Gémeaux, salle des Colonnes à 13h30
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