Les gens vont, viennent, se croisent sur la Place de la République. Elle est assise sur un banc, mange une pomme, un homme s’arrête et la photographie avec un de ces vieux appareils, un Polaroid. La conversation s’engage, il parle d’un voyage en Éthiopie sur les traces de Rimbaud, un poète qu’elle aussi aime beaucoup. Leurs voix s’unissent pour réciter Ma Bohème. Il parle d’un homme qu’il y a rencontré, qu’il a aidé à venir en France et qui a disparu en abandonnant ses bagages et les traces de sa vie éthiopienne. Elle, pudique évite les confidences mais finit par parler de Anne, sa très grande amie, qui elle aussi a choisi un jour de disparaître.
Clément Hervieu-Léger a écrit et mis en scène ce texte sensible et délicat sur la sensation de manque qui envahit ceux qui restent, la difficulté à faire son deuil des disparus, l’attente, le chagrin.
Sur le plateau nu, c’est autour du banc que se noue le dialogue entre un homme et une femme qui parlent de tout et de rien avant de se dévoiler pour évoquer ceux qui un jour ont disparu de leur vie. Juliette Léger et Daniel San Pedro, fidèles de la Compagnie des Petits Champs de Clément Hervieu-Léger nous renvoient avec subtilité à nos souvenirs et à nos émotions.
Micheline Rousselet
Jusqu’au 30 juin au Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris – du mercredi au samedi à 19h, le dimanche à 15h30 – Réservations : 01 45 44 57 34 ou www.lucernaire.fr
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