« Les paralysés », de Richard Krawiec, se situe dans les années 1980, années de récession profonde aux États-Unis. Les fermetures d’usine se succèdent, le chômage enfle, les subsides se raréfient – Reagan remet en cause tous les chèques de subsistance pour les plus démunis – et les quartiers populaires se dégradent. La drogue, l’alcool veulent faire oublier la réalité. Pire encore quand on est amputé des deux jambes, comme c’est le cas de Donjie, le héros de cette histoire.
Une description clinique des laissés pour compte avec leurs contradictions. Faut-il pour survivre s’attaquer aux plus faibles ? Les paralysés qui rapportent. L’assurance envoie un chèque tous les mois ? Au risque de devenir soi-même un paralysé de l’âme, lié à un sentiment profond de culpabilité qui empêche toute communication, toute empathie et conduit à la recherche effrénée de paradis artificiels au risque de la mort. La solidarité fait partie des nécessités vitales pour survivre et vivre. Donjie aura la chance de la rencontrer sur sa route. Comme dans « La nuit du chasseur » – le contexte est celui de la dépression des années 1930 – de bonnes âmes arrivent à susciter un élan individuel et collectif de résistance contre toute résilience. Un envoyé – du ciel ? – sert de deus-ex-machina pour une fin presque heureuse. Le ciel pourrait être aussi un baron de la drogue ou quelque chose d’approchant. Le ciel et l’enfer peuvent faire bon ménage.
Nicolas Béniès
« Les paralysés », Richard Krawiec, traduit par Anatole Pons-Reumaux, 10/18
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