De retour de la guerre où ils furent victorieux, les généraux Macbeth et Banquo voient venir à eux les sœurs fatales qui leur prédisent que Macbeth sera roi et que les enfants de Banquo lui succéderont sur le trône. De retour en son château Macbeth annonce que le Roi Duncan sera leur invité le soir même. Lady Macbeth entend aider à la réalisation de la prédiction et convainc son mari d’assassiner le roi. Macbeth hésite mais finit par tuer le roi et Lady Macbeth s’arrange pour que ce soient les gardes qui soient accusés. La machine à tuer est enclenchée. Suivront Banquo qui connaissait la prophétie puis la femme et les enfants de Macduff, qui pouvait mettre en cause la légitimité de Macbeth. Dévorée par la culpabilité les deux époux sombrent dans la folie. Lady Macbeth met fin à ses jours, tandis que la prédiction faite par le fantôme de Banquo, la défaite et la mort de Macbeth, se réalise.

Mieux vaut connaître la pièce en allant voir l’adaptation qu’en fait Silvia Costa. Elle isole ce qui lui semble essentiel, le couple Macbeth et Lady Macbeth. C’est elle, comme l’a souligné Freud, qui pousse un mari plutôt timoré vers le crime, car elle le veut puissant et viril. Macbeth tue mais c’est elle qui se lave longuement les mains pour faire disparaître le sang et une fois lancé, on n’arrête plus Macbeth. Ses crimes s’enchaînent jusqu’à ce que le doute et l’inquiétude s’installent et que la folie et la défaite les entraînent tous deux vers l’abîme. L’autre point d’ancrage pour Silvia Costa ce sont les sorcières (les sœurs fatales). Semblant appartenir au monde des hallucinations ce sont pourtant elles qui encouragent ces meurtres par leurs prédictions étranges. Macbeth tombe dans leur piège et tue dans une folle course vers le pouvoir. Mais les coupes que réalise Silvia Costa, pour se concentrer sur ces deux thèmes, rendent la pièce confuse.

Sa scénographie est par contre très belle. Avant que le rideau se lève, folie et crime accompagnent déjà une Lady Macbeth cachée derrière le rideau de ses cheveux qu’elle arrache par poignées tandis qu’un portrait de Macbeth, au-dessus d’elle, se met à tourner comme une toupie avant d’être lardé de coups de couteau. Dès le début s’installe une atmosphère angoissante et sombre. Un gigantesque anneau d’or évoquant une couronne domine la scène et s’abaisse vers Macbeth au fur et à mesure qu’il se rapproche du pouvoir, jusqu’à sembler enfermer le couple diabolique dans cette course à l’abîme. L’obscurité s’épaissit pour conduire le spectateur vers l’effroi face aux meurtres et aux hallucinations du couple criminel. Dans un décor qui rappelle une église gothique stylisée, d’où partent toutes sortes d’échos inquiétants, les arches s’ouvrent révélant serrés les uns contre les autres les invités du banquet avec au milieu la silhouette ensanglantée de Banquo. L’espace sonore avec ses stridences, ses effets d’écho ajoutent au malaise de cet univers où le surnaturel le dispute à la folie.

La distribution est portée par Julie Sicard. Elle incarne une Lady Macbeth forte apportant à son mari la capacité à réaliser ce qui lui donnera le pouvoir qu’il désire. Elle soutient Macbeth (Noam Morgensztern) le prenant sur ses genoux, elle le pousse, joue de tous ses atouts, sa volonté, sa capacité à exciter le désir de cet époux qu’elle l’entraîne au-delà de l’humain jusqu’à ce qu’enfin, cheveux dénoués, en chemise, mains tendues en avant qu’elle regarde avec horreur, elle sombre dans la folie.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 20 juillet à la Comédie Française, Salle Richelieu, Place Colette, 75001 Paris – En alternance, dates sur le site de la Comédie Française – Soirées à 20h30, matinées à 14h – Réservations : comedie-francaise.fr

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