Louise Michel est une des héroïnes de « Le grand soir », du moins son esprit, son aura. Une absente très présente. Le 22 janvier 1905, moment où commence cette histoire, une foule énorme se presse à son enterrement. La révolte gronde, des manifestations ont lieu dans tous les coins de France. La préparation du 1er mai se veut gigantesque. La répression a sorti ses griffes et ses mâchoires pour broyer les cerveaux et bloquer le vent de la révolution qui souffle aussi dans la Russie tsariste. Cette tempête est pour plus tard, les prémisses sont pourtant prometteurs.
Gwenaël Bulteau, jeune historien si l’on en croit son éditeur, nous balade dans ce Paris vu par les yeux d’une jeune femme, Lucie, rattachée à une grande famille de la bourgeoisie, les Desrosières. Elle cherche sa cousine, Jeanne, qui a disparu, engloutie dans la lutte de classe ouverte. Elle a choisi son camp, celui de Louise Michel via une femme médecin – une rareté à cette époque – qui se bat pour les droits de femmes.
L’auteur laisse apercevoir la manière dont ces familles se débarrasse de ces traîtresses à leur classe. Les asiles d’aliénés en sont pleins. Mais là n’est pas son propos principal. Il insiste sur la situation des femmes dans cette société qui refuse de les reconnaître.
L’histoire, les histoires qu’il sait raconter s’inscrivent dans leur contexte. Il donne l’impression de faire un saut dans le temps. « La républiques des faibles », son roman précédent, était déjà une réussite, celui-ci ne l’est pas moins. Une manière ludique de faire de l’histoire.
Nicolas Béniès
« Le grand soir », Gwenaël Bulteau, 10/18
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