A trois mètres du premier rang des spectateurs assis sur les gradins du Pédiluve à l’Azimut de Châtenay-Malabry, Thomas Quillardet s’adresse à eux si naturellement qu’on est tenté de lever le doigt pour répondre à sa question, ou de se lever pour aller fermer la porte quand il le demande, « dans un souci de confidentialité ».
C’est qu’il représente ici une réalité physiquement analogue au lieu théâtral : un groupe de parole dans le service d’addictologie d’un hôpital de jour.
Médecins, patient-es, soignant-es se succèdent sur la simple chaise, les mots de leurs questions et de leurs réponses offerts au public qui est invité en douceur à participer au travail thérapeutique.
On s’y croirait, on s’y retrouve, par la grâce d’une parole mise en scène avec économie. Il n’y a pas de jeu de voix ni de gestuelle repérables : hommes, femmes, patient-es, soignant-es, médecins se succèdent sans transitions ; il faut parfois accepter un léger décalage (Ah oui, là ce n’est plus la soignante qui parle, c’est …).
Thomas Quilleret, metteur en scène (il dit ne pas être acteur …) a passé plusieurs mois dans le service, menant un travail documentaire en profondeur. Il apparaît par moments en scène dans son propre rôle, parmi les autres, racontant son insertion dans le service, sa tentative (tentation?) d’y apporter du théâtre avant de décider d’amener le service sur scène et de re-présenter ces personnes qui nous sont de plus en plus proches – patient-es addict-es à divers produits cherchant à se libérer ou du moins à se modérer, soignant-es et médecins plus ou moins solides, en quête de la distance juste, si difficile à trouver …
La fin survient inattendue (Ah, déjà …), après 1h30 de présence magnifique.
Dominique Grissolange
jusqu’au 11 octobre à l’Azimut-le Pédiluve (Châtenay-Malabry), au théâtre de la Ville – Sarah Bernard du 18 au 28 octobre, au théâtre Jacques Carat de Cachan les 15 et 16 novembre.
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