Attica Locke raconte de drôles d’histoires faites de racisme, de fraternité et de brassages de populations pour faire surgir une possibilité d’un avenir pour les États-Unis, contre tous les Trumps présents et futurs. Le comté de Marion qu’elle décrit est baigné par le lac Caddo, ainsi nommé en référence à la nation amérindienne qui habitait les îles. C’est une des découvertes du Texas Ranger africain-américain, Darren Matthews – héros récurrent de l’autrice.
Son chef l’a chargé d’une mission : mettre fin aux activité de la Fraternité Aryenne avant la prise de fonction du nouveau président, Donald Trump – nous sommes en 2016 – qui pourrait la légaliser. Et ce n’est pas une vue de l’esprit comme on l’a vu lors de l’assaut du Capitole. Le prétexte, la disparition d’un enfant de 9 ans, Levi King, perdu dans l’immensité du lac. Le père, un des leaders de la Fraternité Aryenne, un suprémaciste blanc, est en prison. Il est prêt à avouer tous les crimes du monde à condition que le Ranger retrouve son fils. Un homme pas aussi mauvais que le pense Trump…
S’ensuit un entrelacs de mensonges, de méfiances, de peurs ancrés dans un passé toujours étrange d’esclaves affranchis réfugiés dans des restes de tribus amérindiennes refusant d’être parqués dans des réserves ressemblant à des mouroirs. Les secrets jusque là bien conservés du lac Caddo.
Attica Locke sait rameuter toutes les trajectoires qui font les États-Unis et ce Texas où le Mexique est encore présent pour présenter une image composée d’un présent qui n’en finit pas de jouer avec ses passés. « Au Paradis je demeure », « Heaven My Home » pour le titre original – un gospel -, est un découpage au scalpel d’une société qui voit l’ennemi partout. Une sorte d’explication de la victoire d’un Donald Trump qui forge sa propre vérité sans tenir compte de la vérité.
Nicolas Béniès
« Au Paradis je demeure », Attica Locke, traduit par Anne Rabinovitch, Folio/Policier
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