Chloé Tournier, directrice de la Scène Nationale La Garance à Cavaillon propose un festival gourmand, festif et populaire alliant effervescences artistiques et culinaires, associant artistes, paysans et paysannes, vignerons et vigneronnes, restaurateurs et restauratrices. Des spectacles, des visites guidées et des ateliers se succèdent. Resserré sur cinq jours le festival doit permettre de tisser des liens entre des mondes qui ne se fréquentent pas habituellement et des publics que ne sensibiliserait pas d’emblée un projet purement culturel. En fait le festival va bien au-delà de la cuisine. Il va du champ à la cuisine en croisant les pratiques culturelles et artistiques avec des questions concernant l’agriculture, les questions d’alimentation et l’environnement. On mange des choses qui font sens et l’émotion s’installe.
Ainsi dans La rose des vents, le chef cuisinier Emmanuel Perrodin a emmené les spectateurs dans une poétique de la bouillabaisse. Le chef y offrait un voyage sensoriel, où la confection de sa bouillabaisse se conjuguait avec la musique jouée par la violoncelliste Noémie Boutin avant d’être partagée joyeusement autour d’une table.
Jérôme Pouly, sociétaire de la Comédie Française, installé dans une caravane en ville a présenté un personnage amoureux des mots de quelques-uns de nos écrivains réputés pour leur gourmandise, Dumas, Colette, Prévert, Balzac, etc tout en cuisinant des produits trouvés sur les marchés du territoire que les spectateurs ont dégustés avec délice.
La Compagnie italienne Teatro delle Ariette, a proposé Mariage d’hiver. Paola et Stefano, comédiens et agriculteurs installés près de Bologne, nous ont fait partager leur amour pour le théâtre, la cuisine et l’agriculture. Tous deux ont écrit un journal de leur vie quotidienne pendant l’hiver 2008-2009, célébrant vingt ans de vie ensemble à la campagne et dix ans de théâtre. Tandis qu’ils cuisinent, ils nous ouvrent la cuisine de leur mémoire. Tandis qu’il peaufine avec un ami ce qu’ils vont nous offrir, elle lit ce journal poétique, panthéiste vibrant d’amour pour ces paysages d’hiver, pour les bêtes qui apparaissent dans la brume ou dont on suit le passage par les traces qu’ils ont laissées. Puis, place au repas de noce à la bougie, dans le décor d’une grande cuisine de la campagne émilienne avec ses photos de mariage et de vie commune, ce chapeau de paille qui fut celui de la mère d’un des comédiens. Un repas simple mais délicieux comme celui des fêtes de campagne, avec ses tortellini in brodo, sa viande bouillie à la sauce verte avec pommes de terre au four et la zuppa inglese en dessert. Le tout arrosé d’un rosé du château de la Verrerie (AOP Luberon) et assorti de recettes partagées et de souvenirs échangés avec les spectateurs convives.
Enfin pour Cucine(s) La Garance s’est associée au Citron Jaune, Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public installé à Port Saint-Louis du Rhône, pour élargir le territoire des productions locales. Floriane Facchini et sa compagnie est partie à la rencontre des pratiques culinaires et agricoles de la région, entre Alpilles et Lubéron, pour organiser un banquet mettant en valeur les savoirs paysans. Elle a ainsi rencontré des producteurs de légumes, une productrice de plantes aromatiques et médicinales, un oléiculteur, une cueilleuse-botaniste amateur, une productrice de fromages de chèvre, un ancien berger passionné de faune et de flore, une productrice de légumes fermentés, un paysan, meunier et boulanger. Ils sont douze en tout, dont les photos s’affichent et dont on entend la voix parlant avec passion de leur vie et de leurs produits, tandis que les convives et spectateurs se lancent dans la dégustation du repas. Légumes, fromages, plantes aromatiques s’offrent en abondance avec une diversité que l’on n’imaginait pas. Les échanges s’animent entre producteurs et convives prouvant que la cuisine n’est pas qu’affaire de nourriture mais aussi de partages et de découvertes.
La conclusion c’est Floriane Facchini qui l’a livrée « Parlons, lisons, cultivons, cuisinons rencontrons-nous dans la commensalité »
Micheline Rousselet
Festival Confit ! Du 10 au 14 mai à la Scène Nationale de La Garance à Cavaillon www.lagarance.com
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu