Pour pallier le manque d’informations sur ses ancêtres, « véritable dynastie de nobody », la comédienne et enseignante d’histoire de l’art Hortense Belhôte a décidé de les choisir dans des groupes trop bizarres, trop nuls ou trop dépressifs pour répondre aux critères de panthéonisation. Elle va plutôt les chercher dans les marges de l’histoire, dans une perspective féministe, queer et décoloniale. Elle élit ainsi Madame du Barry et Zamor, le « petit négrillon qu’on lui avait offert en guise de faire-valoir exotique », le Chevalier de Saint-Georges, mi-blanc mi-noir, et le Chevalier d’Éon, tantôt homme-tantôt femme, Jean Amilcar, un autre petit Africain envoyé en cadeau à Marie-Antoinette et qui survécut au décès de sa maîtresse et de ses enfants, Thomas-Alexandre Dumas, père de l’écrivain et premier mulâtre à devenir Général des armées françaises, Marie Guillemine Benoît, peintre à l’esprit libre auteur du célèbre Portrait de Madeleine, autrefois intitulé Portrait d’une négresse.

Florence Belhôte propose donc une « conférence spectaculaire » qui mêle transmission de savoirs et dévoilement de l’intime. On est loin d’une conférence austère, même si les éléments d’Histoire et d’histoire de l’art sont précis et documentés. Les concepts pensés par des universitaires ou des minorités sont présentés de façon ludique, drôle et parfois burlesques. La comédienne-conférencière utilise un style parlé, enlevé et très actuel avec des remarques comme « à cette époque la contraception, c’est do it yourself » ! Elle utilise beaucoup la vidéo, elle aussi au deuxième ou troisième degré. Ainsi les lèvres de Madame du Barry bougent au son d’une chanson comme si elle chantait en play-back. Elle emporte le public dans un karaoké. Ses costumes sont tout aussi cocasses : combinaison moulante bleue-blanche-rouge, coq gonflable aux couleurs nationales qu’elle chevauche allègrement avant de se dénuder.

Elle saute un peu du coq à l’âne, de l’histoire familiale aux marginaux de l’Histoire, on saute derrière elle. Cela part un peu dans tous les sens à un rythme effréné, dans un joyeux capharnaüm et c’est souvent très drôle.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 27 mai au Théâtre de l’Atelier, Place Charles Dullin, 75018 Paris – mardi, jeudi et samedi à 19h – Réservations : 01 46 06 49 24 ou theatre-atelier.com


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