Marie et Adam vivent confinés chez eux. Il est hypocondriaque, fait un peu de sport et a toujours besoin d’être rassuré. Elle chante l’Ave Maria de Schubert, regarde vaguement la télé et s’agace des plaintes et des angoisses d’Adam. Il pense qu’elle le méprise, elle pointe toutes ses failles (« tu es partout mais jamais au bon endroit ») et … corrige ses fautes de syntaxe ! Profondément égoïstes, ils se froissent, s’irritent, s’offensent à longueur de temps et tout les stresse. Jusqu’au jour où un coup de sonnette les angoisse encore plus, avec l’arrivée d’un colis au nom des Schaeffer. Adam découvre que ce nom a remplacé le leur sur leur boîte aux lettres et le syndic ne semble plus les connaître. La tension monte d’autant plus que d’autres colis, de plus en plus gros, suivent. Ils vont alors se lancer dans des hypothèses de plus en plus abracadabrantes.

Que restera-t-il de notre humanité si la solitude et le repli sur soi deviennent la norme de notre monde ? Pour incarner ce questionnement sous l’angle de la comédie, Idir Chender et Anne-Clotilde Rampon ont choisi un couple d’aujourd’hui, Marie et Adam, confinés chez eux, sans cesse en train de ferrailler l’un contre l’autre, enfermés dans leurs habitudes, leur égoïsme, leurs frustrations et leurs angoisses au point même de ne plus être très sûrs de qui ils sont. Du comique né des situations quotidiennes de la vie de couple, où les travers de l’un renforcent ceux de l’autre, on passe à une sorte de folie et à des situations absurdes qui évoquent Ionesco.

Le décor est très simple : une pièce avec un divan, une télévision cachée dans un coin dont on perçoit seulement la lumière et un son confus, un magnétophone et un micro sur lequel travaille Marie, une porte qui donne sur une douche et une autre sur l’entrée par où vont arriver les mystérieux colis. Avec une belle énergie et un rythme qui ne laisse aucune place aux temps morts, Idir Chender (en alternance avec Max Millet) et Mathilde Weil vont s’asticoter, se quereller avant de conjuguer leur angoisse pour s’interroger, plus très sûrs de qui ils sont. Une synthèse réussie du quotidien et de l’absurde car, pour tenter de calmer les angoisses, les fantasmes s’installent.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 10 juin au Théâtre La Flèche, 77 rue de Charonne, 75011 Paris, les samedis à 19h, Réservations : 01 40 09 70 40 ou info@theatrelafleche.fr

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