La création de Florent Hubert et Samuel Achache surprend autant qu’elle séduit. Tout commence par un effondrement, celui d’une maison mais aussi celui de l’amour chez ceux qui l’habitent. Tandis que le mari s’acharne sur un évier, sa femme lui dit « je te parle d’amour, tu me parles de siphon ». Quelques coups de masse du mari et les démolitions vont se poursuivre, volontaires ou dégâts collatéraux, et l’amour fout le camp. On tente de survivre au désastre mais ceux-ci s’enchaînent tels les barreaux de l’échelle qui finit ramenée à ses montants. De temps en temps on déblaie le plancher car, à force de démolir, cela s’impose.

L’absurde et le burlesque règnent en maîtres. Un homme tire son cœur de sa poitrine pour lui parler puis le remet en place, mais pas tout à fait, il le place à droite. S’il se noie dans un océan de larmes, il plonge dans un aquarium. Fermer le rideau de la salle de bain cloue le bec au chanteur et puis « ce qu’on voit n’est pas toujours ce qu’on croit voir ».

Un dialogue constant s’établit entre la musique et le texte. Les musiciens, accordéon, saxophone, clarinette, violoncelle, flûte et piano, en solo, en duo ou tous ensemble, batifolent entre les lieder de Schumann. Une chanteuse se fait écho du texte de la comédienne. Un chanteur à la voix proche de celle d’un haute-contre fait entrer en scène un piano à bretelles, un vrai ! Quand le texte et les sentiments galopent, les musiciens tentent de suivre, quand les scènes deviennent délirantes, la musique devient dissonante.

Original, drôle, un régal !

Micheline Rousselet

Jusqu’au 5 mars au Théâtre des Bouffes du Nord, 37 (bis) boulevard de La Chapelle, 75010 Paris – du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h – Réservations : 01 46 07 34 50 ou www.bouffesdunord.com – Tournée : 8 et 9 mars au Théâtre de Lorient, 28 et 29 mars au Grand R, La Roche-sur-Yon, 12 et 13 avril au Théâtre de Caen

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