Marie a eu plusieurs enfants de pères différents et beaucoup de mal à se couler dans son rôle de mère. Fille d’un couple plutôt conflictuel, elle s’interroge sur la toxicité du modèle patriarcal dont elle semble avoir hérité et décide d’interroger son amie Josie qui a fondé une famille homoparentale.

Sur l’homoparentalité, sujet de bien des questionnements et de crispations qui semblent d’un autre temps, Marie Desgranges et Marie Dompnier ont écrit un spectacle alternant entre intime et universalité, qui s’inspire de leurs parcours personnels. On suit celui de Josie, du médecin belge qui, pensant qu’elle a simplement un problème de stérilité, file une métaphore effarante sur l’état de ses organes génitaux et des copains qui ne sont pas prêts à donner leur sperme jusqu’à la clinique belge où se fera l’insémination. Les questions qu’elle et sa compagne se posent touchent à l’universel, comment choisir le donneur dans la banque de sperme, que dire à l’enfant qui naîtra, et que faire si cela ne marche pas.

Portés par Marie Desgranges et Marie Dompnier qui jouent tous les rôles, les points de vue se percutent de façon joyeuse : voisins, féministe des années 70 qui ne comprend pas qu’on veuille encore former une famille « avec tout ce que l’on sait sur le patriarcat », petit neveu qui pose le sujet en termes très pragmatiques. Elles convoquent même la grande anthropologue Françoise Héritier. Pour celle-ci la vraie révolution c’est la contraception, ce moment où les femmes sont devenues des sujets à part entière et la PMA lui semble aller de soi.

Sur la toile de fond de scène sont collées des lamelles de papier d’aluminium qui accrochent la lumière, jouent le rôle de radios ou roulées en boules deviennent un bébé que l’on berce. Le passage d’une séquence à l’autre est très rapide. C’est souvent très drôle comme lorsque les deux actrices se passent à grande vitesse une moustache, qui s’obstine à se décoller, pour un dialogue homme-femme. Marie Desgranges chante « passer à la FIV » ou mime la naissance de son bébé dans la voiture qui la mène à la clinique avec son amie plutôt désemparée devant la rapidité inattendue de l’événement.

Comment parler d’un sujet encore peu traité au théâtre en étant à la fois profondes et drôles ? Elles y réussissent très bien.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 27 février au Théâtre de Belleville, 16 passage Piver, 75011 Paris – lundi à 21h15, mardi à 19h15, dimanche à 17h – Réservations : 01 48 06 72 34 ou theatredebelleville.com

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