Si La Ronde de Schnitzler n’a rien perdu de sa force, Johanny Bert a souhaité la revisiter, la sortir de son univers purement hétérosexuel pour tenir compte de la diversité des identités et des pratiques amoureuses et sexuelles qui se révèlent aujourd’hui. Place donc aux gays et aux libertins, mais aussi aux transgenres, aux bisexuel.le.s, aux polyamoureu.x.ses et aux asexuel.le.s. Place aussi aux filles et aux garçons qui n’ont pas peur d’exprimer leurs désirs, qui veulent bien baiser mais pas dormir avec leur partenaire car c’est trop intime et qui ne veulent pas mourir seuls sans amour.

Johanny Bert a commandé à Yann Verburgh non pas une adaptation de la pièce de Schnitzler mais une pièce qui parlerait du désir amoureux et des pratiques sexuelles d’aujourd’hui. Avec Johanny Bert, ils se sont documentés, ont lu et ont rencontré des gens qui ont parlé avec eux de leurs pratiques amoureuses et sexuelles. Ils ont ainsi imaginé les parcours de vie, les désirs et les fantasmes fort divers de personnages d’âges et de milieux sociaux différents. Le texte est très libre, ne se laisse pas arrêter par des tabous, mais introduit la poésie et l’humour qui permettent d’échapper au réalisme cru de certaines situations.

La marionnette était l’outil adapté à ce genre de pièce. Elle permet la distance face aux situations les plus crues, le sexe dans les toilettes d’une boîte par exemple avec les gens qui tambourinent à la porte. Elle offre aussi un environnement poétique à une boîte échangiste où les deux partenaires s’envolent littéralement de plaisir.

Accompagnées par une guitariste toujours présente, Fanny Lasfargues, les marionnettes de Johanny Bert sont des merveilles, de la jeune punk à la femme mûre qui veut se prouver qu’elle peut encore séduire, du jeune geek à son directeur en costume-cravate. Pour la première fois Johanny Bert a voulu que ses marionnettes soient manipulées par des acteurs. Chaque marionnette est manipulée par deux acteurs qui ont su trouver le ton juste entre leur texte et la manipulation. Et quand à la fin ils sortent de l’ombre des marionnettes pour se montrer à leurs côtés, c’est à la fois beau et émouvant.

Avec ce spectacle inventif, audacieux et poétique Johanny Bert confirme sa toute première place parmi les marionnettistes contemporains.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 28 janvier au Théâtre de la Ville – Abbesses, 31 rue des Abbesses, 75018 Paris – du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h – Réservations : 01 42 74 22 77 ou theatredelaville-paris.com

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