Mia et Sil se sont rencontrés dans un concert où Sil jouait de la basse. Mia n’avait d’yeux que pour lui et lui ne la quittait pas des yeux de peur de la perdre. Amoureux, ils ont commencé une vie de musique, de fêtes, de rires, de concerts et de vodka. Ils ont même adopté un mainate. Pourtant un jour le bruit des explosions leur a annoncé brutalement que la guerre était là et qu’il fallait partir. Ils ont fui vers un ailleurs qui pourrait les accueillir, n’emportant de l’essentiel de leur vie que quelques cassettes, des photos et ce qui tient dans un sac à dos. Ils ont marché, gravi des montagnes, connu l’épuisement, la faim, la soif, le froid, la folie des hommes, les refoulements, les camps de réfugiés et même un petit garçon qu’ils ont sauvé. Mais ils sont restés debout, ensemble, toujours fous d’amour et de musique.

L’autrice Julie Ménard s’est inspirée de sa rencontre avec un jeune exilé afghan qu’elle a accueilli chez elle au moment où elle écrivait la pièce. Du récit de ce jeune homme est née l’envie de raconter cet élan vital de la jeunesse et cette course vers la liberté en les reliant à l’univers musical du rock. Maëlle Poésy, désormais directrice du Théâtre Dijon Bourgogne, lectrice fidèle de Julie Ménard a vu toute la force et l’universalité de ce texte dont l’énergie évite tout misérabilisme sur un sujet, celui de l’exil, qui pourrait vite sombrer dans le pathétique. Elle a souhaité la jouer devant des lycéens car les thèmes et la forme, avec la place donnée à la musique, ne pouvaient que leur plaire. La pièce se joue dans un dispositif quadrifrontal où le public représente autant de murs auxquels Mia et Sil se heurtent. Des instruments de musique et quelques accessoires suffisent à les accompagner. C’est le jeu très physique des acteurs qui va entraîner l’imaginaire des spectateurs.

Benjamin Bécasse-Pannier et Mathilde-Edith Mennetrier ont la beauté, la jeunesse et l’énergie de leurs personnages. Elle secoue ses cheveux suscitant le désir de Sil, ils s’enlacent, dansent, rient, boivent. Elle a peur de partir, il la convainc avec douceur, ils courent, fuient les garde-frontières, semblent gravir des montagnes, ils tremblent de froid, se réchauffent en se serrant l’un contre l’autre, subissent les échecs et recommencent.

Ils sont ces amoureux universels, ces jeunes solidaires, unis dans la musique, qui se battent pour se sauver et le spectateur ne peut que les aimer.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 29 janvier au Théâtre du Rond-Point, 2bis avenue Franklin Roosevelt, 75008 Paris – du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h30 – Réservations : 01 44 95 98 21 ou theatredurondpoint.fr

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