« Mademoiselle Gazole »

Imaginons un avenir dans un monde où les enfants n’appartiendraient plus à leurs parents. Pourtant les adultes pourraient encore avoir envie de jouer à cache-cache avec eux ou de les regarder sauter dans des flaques ou encore de leur raconter une histoire pour les aider à s’endormir. Dans ce monde, il y aurait donc des agences qui loueraient des enfants pour répondre aux désirs de ces adultes et Mademoiselle est une enfant particulièrement douée pour ce travail. Elle comprend très vite ce que lui explique Gazole, son majordome chargé de lui transmettre ses missions. Parfois Mademoiselle aimerait un peu plus d’affection, mais cela n’entre pas dans les attributions de Gazole. Ils vont pourtant partir ensemble à la découverte de l’enfance mais ce qu’ils découvrent ne pourra que mettre en question le fonctionnement de l’agence.

Laura Zauner et Georges Vauraz (Compagnie Ito Ita) ont mis en scène et interprètent le joli texte plein de poésie et de tendresse de Nicolas Turon. Les missions de Mademoiselle s’enchaînent sans avoir besoin d’être montrées, ouvrant la porte à l’imagination des spectateurs qui furent ou sont encore des enfants puisque le spectacle est visible à partir de 7 ans. Georges Vauraz a imaginé une scénographie avec un grand escalier qui peut se diviser et qui abrite des placards révélant un dressing où se cacher entre les vêtements ou des petites bottes jaunes pour sauter dans les flaques. Les éclairages délicats de Denis Koransky et la musique de Luca Gaigher créent un univers plein de poésie et de charme pour ce petit bijou.

Le spectateur a tout de suite le coup de foudre pour Mademoiselle. Marionnette aux joues rondes, aux grands yeux sombres et aux longs cheveux bouclés (créée par Francesca Testi) elle est manipulée par Laura Zauner qui lui prête sa voix. A ses côtés, Georges Vauraz campe Gazole, le majordome très professionnel et froid au début. Il ne pourra que se laisser attendrir par cette Mademoiselle si vive et si curieuse qui cherche à savoir d’où elle vient. Manipulée par Laura Zauner, qui lui prête aussi sa voix, elle bouge la tête ou remue la main et l’on trouve en elle toute la grâce d’une petite fille, se grattant la jambe en écoutant sa mission, avançant glace d’une main et ballon de l’autre ou s’endormant sur l’épaule de Gazole. Un spectacle plein de poésie et de tendresse pour parler des relations entre parents et enfants.

Micheline Rousselet

Spectacle vu dans le cadre du festival Phenix au Studio Hébertot à Paris le 12 juin 2022

Présenté dans le OFF d’Avignon à La Luna du 7 au 30 juillet sauf mardis 19 et 26