Une jeune femme, Ella, est en train d’écrire une pièce où elle tente de relier les fils de sa généalogie, entre France et Yémen, entre dits, et surtout non-dits, des femmes de sa famille, quand elle reçoit un appel d’une clinique psychiatrique où sa sœur Imane vient d’être internée à la suite d’une décompensation. Or Ella est enceinte et s’interroge sur son désir d’enfant. Avec ce coup de téléphone, la réalité vient brutalement percuter la fiction. Ella remonte l’histoire jusqu’à ses arrières-grand-mères, ces femmes qu’on a vite fait de juger monstrueuses, quand elles ne se conforment pas au modèle dominant dans nos sociétés patriarcales.
Récit discontinu, chronologie en puzzle, interventions mystérieuses d’un monstre mythique de conte oriental, Leïla Anis use de tout cela pour faire entendre la voix de toutes ces femmes vouées au malheur quand elles décident d’être libres. Des femmes poursuivies par un sentiment de culpabilité qui finit par leur fait craindre de devenir mère et qui préfèrent se taire.
La mise en scène de Karim Hammiche donne toute l’importance au texte et aux comédiennes qui le portent. Sur scène un bureau, une lampe, une chaise et un ordinateur. Ella (Leila Anis) écrit, s’enregistre au téléphone, convoque les figures de ses ancêtres femmes, mère, grands-mères, arrières-grands-mères et de sa sœur, toutes interprétées par Laetitia Poulalion.
Micheline Rousselet
Du 7 au 27 juillet au festival d’Avignon OFF – à l’Artephile à 15h25
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
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