Le printemps du machiniste rassemble des artistes venant du théâtre, de l’écriture, de la musique et de la photographie et a choisi pour principal outil la marionnette. Son fondateur Louis Sergejev est sorti de l’école de marionnettes du Théâtre aux Mains nues en 2012 et a commencé dès cette année à créer des spectacles avec sa complice Dorine Dussautoir. En 2018 ils s’associent avec l’écrivain Guillaume Poix pour créer Les présomptions, saison 1 et commencent à s’interroger sur la manière dont les êtres humains construisent et habitent leurs espaces de vie. Le projet se poursuit avec cette saison 2.

Dans l’espace aseptisé d’un aéroport des tranches de vie se succèdent qui vont nous interroger sur le genre et les stéréotypes de genre. Trois amis partant en week-end s’inquiètent de voir l’espace, services de contrôle et équipage des avions, « occupé » par des femmes. Est-ce le « grand remplacement » ? Au rayon duty-free de l’aéroport un couple s’interroge, comme on l’a demandé aux spectateurs à l’entrée du théâtre, sur un parfum. Féminin ou masculin ? Des femmes sur un des escaliers de l’aéroport s’étalent, jambes écartées et se sentent contaminées par des attitudes bien masculines, siffler « un joli petit lot », couper la parole aux femmes, etc.

Dorine Dussautoir et Noé Mercier, aidés par Marie-Do Fréval, manipulent à vue des marionnettes dont la taille diminue au cours de chacun des trois épisodes. Les dialogues sont naturels, vifs et drôles. Pourtant ils poussent le spectateur à s’interroger sur ses jugements, ses idées préconçues, ses comportements quotidiens. Les marionnettes sont à l’image de ce contenu, à taille humaine au début, se réduisant dans les épisodes 2 et 3, belles, habillées comme on l’est aujourd’hui, pleines d’humour dans l’épisode 2 où elles s’étalent jambes écartées comme les hommes pratiquant le « men spreading » bien connu des parisiennes qui fréquentent le métro ! La musique, teintée de tonalités exotiques, redessine l’espace grâce à la multidiffusion.

Le recours aux marionnettes met à distance la banalité sur un sujet toujours d’actualité, les rendez-vous manqués dans la relation hommes-femmes. C’est original, beau et intelligent. Retenez le nom du Printemps du machiniste pour aller les voir dans une tournée qui ne devrait pas manquer de suivre.

Micheline Rousselet

Spectacle vu le 15 avril 2022 au Théâtre Mouffetard, théâtre des arts de la marionnette. Tournée en construction

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