Tout commence dans une cave où se déroule une prise d’otages. Madison, onze ans séquestre, avec la complicité involontaire d’Ethan, Sofia, la maire du Conseil Municipal des Enfants qui a le même âge. Madison a prévu une série de revendications comme le revenu minimum d’existence pour les enfants (RMEE), le droit de choisir son éducation (DCE), le droit de choisir ses parents (DCSP), etc. Elle est prête à commencer par couper le petit doigt de l’otage et si ses revendications ne sont pas satisfaites, le reste suivra !
Pauline Sales a nourri cette fable, fruit d’une commande, par des rencontres avec des enfants de fin de primaire et une classe de sixième et une visite à un Conseil Municipal des Enfants en région parisienne. L’arrivée du confinement a bouleversé les rencontres prévues et a été intégrée au texte.
Pour Pauline Sales, les enfants sont perméables aux questions politiques, ils entendent leurs parents, leurs enseignants, ils ont des envies, des rêves et quand on écrit pour eux il ne faut pas hésiter à parler de tout avec un vocabulaire qui ne soit pas enfantin. Il faut seulement laisser les choix ouverts. C’est ce qu’elle fait et c’est très réussi.
Les trois enfants de cette fable ont des vies et des désirs différents. Madison veut que les choses changent vite. Mais avec son slogan « La fin du monde est pour demain », elle n’a eu qu’une voix aux élections. Elle est prête à la violence, mais Ethan beaucoup moins ! Il est responsable des loisirs et pense surtout à la boum de l’école qui se prépare. Quant à Sofia, elle est élue et partisan d’une présentation des revendications plus paisible. Malgré leurs contradictions, ils ont envie de se parler, de s’écouter. Quel recours attendre des parents, des autorités ? Sofia voudrait convaincre Madison. Même quand la situation devient dramatique, ils vont tenter de se comprendre et de chercher des solutions.
Sa mise en scène s’inspire de ce que les enfants ont pu voir à la télé : une cave avec un frigo et des étagères pleines de vivres, une otage attachée sur une chaise, une preneuse d’otage, Madison qui se fait filmer encagoulée, présentant ses revendications face caméra et une porte angoissante par où peut venir la délivrance ou un nouveau danger. En même temps la metteuse en scène dédramatise en prenant le parti de l’humour : les revendications, pour être plus percutantes, sont désignées par leur acronyme comme ODFUCEPA pour Obligation De Faire Un Cours En Plein Air ; une discussion s’engage pour savoir si demain est un verbe, en tout cas, c’est un beau mot !
Jacques-Noël Delgado, Vinora Epp et, en alternance, Cloé Lastère et Noémie Pasteger incarnent de façon tout à fait crédible les trois enfants. Ils n’apportent pas de réponses aux questions qui se posent sur l’avenir de notre monde. Mais comme nous ils oscillent entre conservatisme et progrès, ils s’inquiètent des impasses où nous nous trouvons et s’interrogent sur les moyens de faire advenir un monde plus conforme à leurs espoirs.
Micheline Rousselet
Jusqu’au 6 avril au Théâtre Les Plateaux Sauvages, 5 rue des Plâtrières, 75020 Paris – Du lundi au samedi à des horaires variables, les séances scolaires ouvertes au public alternant avec des séances tout public – Réservations : 01 83 75 55 77 ou rp@lesplateauxsauvages.fr –
En tournée ensuite : dans le cadre du Festival Les Théâtrales, le 26 novembre 2022 au Théâtre de Fresnes, les 2 et 3 décembre 2022 à Gentilly, les 4 et 5 décembre 2022 à Choisy-le-Roi, enfin du 9 au 12 mai 2023 au Théâtre de La Joliette à Marseille
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
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